Après les différents récits de mon enfance, de ma jeunesse et de mes souvenirs de la deuxième guerre mondiale, voici plus précisément les moments de ma vie qui concerne tout le restant de celle-ci, soit dès la fin de mes études vers ma vie d'adulte. La première écriture de ce chapitre débute au mois de Janvier 2010.
Ce chapitre reprenant la grande partie de ma vie, il est clair que certains passages ne sont pas toujours dans l'ordre chronologique. J'ai pourtant fait de mon mieux pour y parvenir.
En juin 1947, je termine donc ma deuxième moderne au collège St Michel de Verviers dirigé par les Frères des Ecoles Chrétiennes et avec comme professeur le Frère Marien, un homme très austère et strict. Déjà avant la fin de mes études qui, dans l’esprit de mon père, sont programmées dès la fin de mes grandes vacances puisque l'âge de la scolarité obligatoire est fixé à cette époque à l'âge de 14 ans. Je jouis donc de mes dernières vacances scolaires, sans avoir le moindre droit de m'opposer au dictat de l'autorité paternelle.
J'ai bien entendu parler de ce projet, mais je voudrais pourtant poursuivre mes études. A cette date de 1947, je dois donc de gré ou de force les clôturer. J’ai d'ailleurs un jour entendu une conversation entre mes deux aînés dont le plus âgé Joseph disait à Julien son cadet « Ne t’en fais pas, les parents sauront bien l’obliger de terminer à l’école » Il est vrai que ce que mon père a décidé doit être exécuté sans rouspétances.
Cette fin d'études me sera donc imposée. Mon père a toujours été très sévère et je ne vois pas pourquoi il changerait tout d'un coup de caractère. Il est vrai aussi qu'en 1941, lorsque mon père fut blessé, mon frère Julien fut dans la même situation et dût arrêter lui aussi ses études. Il n'aimait pas du tout la boulangerie et suivit alors des cours de comptabilité en cours du soir. Comme il reçut son diplôme au moment de mes 14 ans, il jugea le moment propice pour terminer cette activité à la boulangerie qu'il détestait de toute manière.
Déjà en 1946; les fêtes religieuses, processions et kermesses font la une dans les ménages. Toutes ces manifestations ont été supprimées durant la guerre suite au ravitaillement qui nous était imposé par l'armée allemande, mais aussi après la guerre durant quelques mois par le gouvernement belge. C’est donc avec plaisir que maintenant tout le monde s’en donne à cœur joie. Mis à part certaines denrées, ce ravitaillement touche à sa fin et au fur et à mesure la vie reprend son cours normal.
C’est à l’occasion d’une de ces fêtes, c’est-à-dire la seconde procession de l'année soit la fête de St Fiacre qui a lieu fin du mois d’août et est jumelée avec la fête foraine que les activités festives vont à nouveau se développer.
A cette époque, les manèges et tirs occupent les places Luc Hommel, la place du Sablon, la place du Marché et la rue de la Carrière qui de l'église rejoignait la rue Léopold à hauteur du Foyer des œuvres Paroissiales. La venue de l'autoroute dans les années 60 a modifié complètement le centre de Dison.
Une autre procession a lieu lors de la Fête-Dieu à la mi-juin. Cette célébration amène aussi les forains sur les différentes places. Il faut savoir qu’avant la guerre, la place Trauty était aussi occupée. Ces fêtes foraines vont perdre de plus en plus d'animation car les parcs d'attractions inconnus à l'époque vont être de plus en plus nombreux et attractifs avec des montages de plus en plus grands d'où l'impossibilité de les monter sur les champs de foire.
En 1946, j'ai alors terminé ma 6me moderne et vais entrer en 5me. A l’époque les années secondaires sont calculées dans le sens inverse des primaires. Je suis donc en vacance et dois donner un sérieux coup de main à l’atelier.
A l’occasion de ces fêtes, les clients apportent toutes les marchandises étant nécessaires à la fabrication de tartes et gâteaux à faire sur commande. Le premier travail est alors de coller une étiquette sur chaque plat de riz ou de fruits, de farine plus ou moins blanche suivant les clients, de beurre ou de margarine et de sucre. La qualité et quantité des produits apportés par chaque client étant différente, chaque commande est donc traitée séparément. Je me rappelle que sur le cahier des commandes à l'occasion des fêtes, les listes de clients allaient jusqu‘au n° 108. Chacun de ceux-ci voulaient deux ou trois tartes ou gàteaux.
Ajouté à la vente normale du magasin, le travail de l’ensemble débute alors le vendredi dans l’après-midi pour se terminer le dimanche avant midi; évidemment avec de temps en temps pour chacun un léger repos individuel. Nous sommes en famille et quatre à cinq occupés à travailler dans l'atelier.
Je termine donc mes études en juin 1947. Comme je vais le découvrir rapidement, la fabrication de petits pains croquants, pistolets, gâteaux de Verviers, tartes au riz et tartes aux fruits, sont différentes marchandises de qualité irréprochable. Mon père en maîtrise bien leur fabrication; mais la fin de la guerre et l’évolution de la vie font que de plus en plus la pâtisserie est mise à l’ordre du jour et à ce niveau là mon père sans être nul n’est pas du tout versé dans la matière. Il avait fait son apprentissage à Aix-la-Chapelle en Allemagne dans les années 1919, soit après la première guerre mondiale et les allemands en ce temps-là avaient perdu la guerre et étaient donc très mal lotis.
Bref, ce créneau va progressivement et rapidement se développer dès les années 1948. Le ravitaillement a aussi perdu ses effets néfastes. Pour commencer cette fabrication de pâtisserie, j’ai bien été un peu aidé par un représentant de matières premières pour boulangers et pâtissiers en la personne de Mr Tabruyn habitant St Trond et représentant de la firme Molco à Anvers. Mon père lui aussi veut bien m’aider à sa façon, il m’achète un livre avec de la documentation et des recettes, mais c’est sur le tas que l’on découvre les astuces du métier. Et cela, il ne veut ni l'entendre encore moins le comprendre.
Je me rappelle qu’en fin d’année1948, les fêtes de Noël et Nouvel An deviennent des temps forts dans la fabrication de bûches pour Noël et de gâteaux mokas pour le Nouvel An. Mon frère Joseph veut alors me montrer comment préparer cette pâte savoie. Il fait donc pour la famille un essai qui servira de gâteau des rois pour le jour de l’Épiphanie, il prépare sa pâte, y ajoute la noisette pour le futur roi et met le gâteau au four. Le résultat est à la limite de la drôlerie, le gâteau savoie ne monte pas et la noisette est visible par une bosse sur le prétendu gâteau. Le pâtissier en exercice est peu fier et moi je râle car la fabrication et la vente des différents mokas pour les fêtes de fin d’année est complètement anéantie et je me rends compte du chemin à parcourir avant d’arriver à un résultat valable.
Mon frère Joseph termine en 1949 à l'âge de 24 ans ses études de prêtrise. Il dit sa première messe à Dison durant le mois de Juillet. C'est une fête très remarquée pour la paroisse. Arc de triomphe et banderoles garnissent la rue entre l'église et la boulangerie. Pour la fête familiale le ban et l'arrière-ban sont invités. Des photos témoignent de l'ampleur de l'évènement.
Mon cheminement à la boulangerie, je le fais avec des échecs et des résultats. Je croyais mon paternel au moins un peu patissier. Hélas, il n'en est rien. Mon père, avant la guerre achetait chaque samedi +/- 40 pâtés à Mr Jeunesse, pâtissier de la place de la Victoire à Verviers; aujourd'hui devenu " Point chaud ". Aujourd'hui il ne me contrarie pas dans les essais que j’effectue; c'eût été le comble.
Heureusement les marchandises ratées et non vendables peuvent quand même être mangées et les bouches à la maison ne manquent pas.
Ce qui me désole aussi, c’est que mon père adore aussi beaucoup bricoler dans la mécanique et menuiserie mais de façon très artisanale et rudimentaire. Aussi dès que la production boulangère est terminée, le bricoleur en herbe sort ses outils et ses pinces sur l’établi pour s’adonner à ce que je pense être sa passion; et moi je suis alors relégué dans la première partie de l’atelier.
Qu’importe, je cherche de mon mieux pour arriver à un résultat valable; Ce qui me chiffonne aussi le plus, ce sont mes différents amis et fils de boulangers qui sont Maurice Stassen, Julien Dejong, Marcel Mackels, et Pierre Iserentant; ils habitent la commune et sont apprentis et peut-être futurs boulangers; c'est pour eux mais encore plus pour moi, que je n’ai de cesse de vouloir prouver que mes connaissances sont aussi valables que les leurs. Ma devise sera toujours: faire le maximum pour être au minimum parmi les meilleurs.
Cette devise j'ai aussi voulu l'inculquer à mes enfants. Contrairement à moi qui n'ai pas eu le choix de décider de mon métier, mes enfants plus tard pourront certainement le choisir mais celui qu'ils choisiront, ils devront le faire et être parmi les meilleurs.
Je me lance aussi durant les années 1949 dans la confection de sujets en chocolat; je suis aidé par un ami, Marcel Vieilvoye qui travaille à la chocolaterie Hardy. Il est manutentionnaire, mais qu’importe, il a des notions de base que je ne connais pas. J’achète des moules pour la confection de sujets de St Nicolas et des moules pour œufs et sujets de Pâques.
Et nous voilà partis dans l’aventure; deux fois par semaine, après son boulot, il vient à l’atelier et jusqu’ à 22 heures nous mettons nos idées ensembles. Après quelques soirées d’apprentissage, je me débrouille seul.
Marcel qui m'a aidé, n'a jamais reçu ni bière, ni café, ni le moindre merci de la part de mes parents. Faut-il croire que c'était à moi de lui montrer ma reconnaissance pour le service qui va pourtant leur rapporter un plantureux bénéfice.
L’avantage du chocolat, c’est que ce qui est raté ou cassé est remis à fondre. Heureusement, cela veut dire pas de déchets.
Par la suite, je me lance également dans la fabrication d’objets sans moules, et à l’aide d’une poche, me voilà parti dans la confection de différents objets, surtout pour Pâques où les idées ne manquent pas.
Je confectionne sur des petites plaques de chocolat, des balançoires avec un poussin sur la balancelle; sur une autre, deux poussins sur une planche et basculant sur un tronc d’arbre en chocolat, ou encore un petit puits garni de pralines ou un petit chariot tiré par deux poussins et aussi une petite brouette garnie d'œufs et poussée par un poussin.
Et pour attirer les clients, chaque année, je réalise une pièce maîtresse en chocolat qui n’est pas à vendre; soit un gros œuf tiré par une dizaine de poussins en soie évidemment. Une année, j’ai réalisé un manège complètement en chocolat garni d’ une douzaine de petites chaises suspendues au toit du carrousel et dans lesquels était assis des poussins. A l’aide d’un petit moteur qui faisait tourner le manège, ces poussins, par la force centrifuge s’élevaient vers l’extérieur du manège. Ces pièces uniques sont un plus pour la vente et attirent pas mal d'enfants et adultes qui sont interessés par cette vitrine noire de chocolat.
A l’occasion de Pâques, je moule plus ou moins 80 kgs de chocolat et nous vendons avec ces différents montages plusieurs dizaines de kgs de pralines; Je suis fier du résultat obtenu; mais jamais félicité ni encouragé par mon paternel. Une année, un pâtissier d’Eupen, m’a demandé de réaliser pour lui, ces différents modèles, ce que j’ai refusé car ce travail prenait beaucoup de temps et il m'était impossible d'évaluer le prix à demander.
Je suis maintenant capable de réaliser plus ou moins la plupart des pâtés, il me reste pour m‘améliorer de travailler de manière plus fine et plus rationnelle, c'est à dire aller dans un autre atelier; ce qui me permettra de découvrir les astuces du métier. Mon père ne veux en aucun cas satisfaire à ma demande; je suis donc condamné à rester sur mes acquits. Je suis conscient que mes connaissances sont malgré tout bien faibles par rapport à un professionnel.
Les années vont passer. Je partage mes différents loisirs avec plusieurs amis; Guy Nizet, Marcel Vielvoye et Lucien Geron. Avec eux, je vais passer des moments très agréables; parfois à Verviers en balade, ou à Dison où nous discutons autour d’un verre de bière au Foyer des œuvres paroissiales. Ces bières, appelées des Profs à l'époque, sont pour moi un rituel de chaque dimanche après la grand-messe du matin.
Le dimanche après-midi reste pour moi l’activité patro pour laquelle j'éprouve pas mal de satisfaction. J’ai la responsabilité de la section des petits. Je me rappelle que les soirées d’hiver, nous les passons à chanter ou à raconter des histoires; c’est ce que ces petits mômes désirent et se réjouissent en criant en chœur dès les soirées d'hiver « une histoire Paul Thonnard » alors moi, ayant oublié la fin de l'histoire contée huit jours plus tôt, je leur demande la finale de l’épisode du dimanche précédent et j’amorce la suite, toujours en improvisant évidemment. Encore aujourd’hui en 2010, Pierrot Collard qui faisait partie des petits mômes, me le rappelle.
Avec Orphal Simon et Claude Defawes, j'ai mis sur pied et monté une mini troupe de clowns pour animer certaines soirées d'hiver; la troupe "MINERVA". Avec Robert Tromme qui joue de l’accordéon et nous trois habillés avec des costumes de clowns confectionnés par des adeptes de nos rêves, nous nous amusons autant que les spectateurs qui trouvent nos élucubrations des plus comiques.
La St Nicolas au patro, est aussi une activité phare. Dans la salle du Foyer des œuvres de la rue Léopold, la soirée débute par quelques chants à deux voix accompagnés par des mandolines et une guitare jouée par votre serviteur mais de façon très rudimentaire.
Vient ensuite une pièce de théâtre avant l’arrivée du grand Saint. Dès que les petits sont passés devant Saint Nicolas et ont reçu leur sachet, l'atmosphère change complètement. La scène s’illumine de spots colorés et quatre diables font leur apparition sur le podium et à coup de vessies s’acharnent sur les grands garçons dans un vacarme on ne peut plus impressionnant avec pour corser le tout un fond musical s’il en est, faisant plutôt croire à la résurrection des vampires et au retour des sorcières.
Chaque année, à l’occasion de la fête du patro, un des dimanche dans le courant du mois d’avril, les cinq messes paroissiales sont célébrées avec sermon spécial présenté par notre aumônier national et suivies par une collecte pour l’œuvre.
La fête est suivie le soir au Foyer des œuvres par une soirée de chants accompagnés de banjos et de guitare joués par les patronnés et dirigés par notre aumônier Alphonse Gilson, un prêtre très mélomane. Une pièce de théâtre jouée par les anciens et les dirigeants entrecoupée par une tombola termine la soirée toujours très réussie et suivie par un nombreux public.
Une des photos montre une des dernières pièce jouée au Foyer.
“Un oncle en or” est le titre de cette comédie burlesque. L'oncle c'est moi, et je ne veux que des nièces; or j'ai trois neveux qui se déguisent en filles pour venir voir leur tonton afin de ne pas perdre l'héritage. Toutes les scènes sont semées de quiproquos.
La journée nous rapporte bon an mal an plus ou moins 12000 frs ou 300 euros. Comparé à la valeur actuelle de l’argent en 2010, cela équivaut à peu près à 2500 euros. Cette recette vient bien à point pour le camp et nos diverses activités de l'année.
Le train-train journalier reprend le dessus à la maison.
Mon frère Julien se marie en 1954 avec Marie Thérèse. Son arbre généalogique du côté de sa grand-maman rejoint le nôtre via notre grand-mère Van Wijler. Ce sont deux sœurs. Pour ces futurs mariés, nous avons aménagé avec ma sœur Jeanne, les pièces du second étage de la rue Albert I. Cela ne nous change guère, car depuis plusieurs années, nous sommes nous deux, l'équipe chargée de tapisser et repeindre les locaux à rafraîchir. Et rue Albert I au 103, à la boulangerie, cela ne manque pas.
C'est en 1956, que naît Jean-Luc chez Julien et Marie-Thérèse, il est le premier petit enfant de notre famille. Il y en aura 13 autres par la suite uniquement du côté Thonnard. Par la suite, du côté Muller avec l'arrivée de Bernadette les petits-enfants seront aussi au nombre de 13.
En 1957, attiré par les parents de Marie-Thérèse, le couple va déménager au Plessis-Brion en France; lui sera employé comme comptable avec son beau-père aux Glaceries de St Gobain
Pour revenir à nos travaux de remise en état, nous avons donc acquis une certaine expérience en la matière puisque en 1949, le premier vicariat de mon frère nommé à Hodimont, rue de la Chapelle est complètement remis à neuf par Jeanne et moi.. Plusieurs années après, c'est à son second vicariat de la paroisse St Roch que nos aptitudes sont demandées.
Vient ensuite sa nouvelle nomination à Stembert, là aussi notre aide est requise, mais la maison est vieillotte et les travaux s'avèrent plus importants. Il ira ensuite à Prayon et rebelote pour remettre la maison en état. Nous pensions avoir terminé, et bien non, c'est à l'Enclos des Récollets qu'il est nommé curé et nous voilà reparti pour de nouvelles séances de tapissage. A sa retraite en 1996, nous réaménageons son appartement place d'Arles, il y vivra deux jours et mourra inopinément.
A l’occasion du mariage de Julien, j’ai demandé à mes parents, l’autorisation d’inviter ma fiancée Edith aux festivités. Mes parents, sont étonnés!!. Ils vont marier leur second fils âgé de 28 ans, et voilà que moi, le sixième enfant âgé à peine de 21 ans me met déjà dans les rangs. A cette date, mis à part Jeanne, personne encore n'a de petit ami.
Arnold, mon oncle préféré, est présent. Je pense que sa présence m’a donné le courage de faire la démarche. Il y va donc de son influence et renchérit : « Il n’a pas demandé pour se marier ». C’est la première entrée de ma fiancée devant toute la famille réunie pour le mariage de Julien.
En 1956, c’est Jeanne qui se marie avec Jacques Lambrette, agriculteur à José (Herve). Nous sommes maintenant avec Alice, Renée et Albert les ouvriers de la boulangerie. Renée et Albert, ce dernier n’aimant pas ce travail, suivent tous les deux des cours du soir.
Certains jours où le travail est moins conséquent, mon père m’envoie à la ferme durant deux jours pour peindre ou tapisser chez Jeanne les différentes chambres de leur maison d‘habitation de José-Herve. Ce n’est pas ma tasse de thé.
Jeanne et Jacques vont avoir une fille. Jeanne-Marie sera le deuxième enfant et nièce de notre famille. Un fait de plus en plus rare déjà à l'époque : Jeanne va s'accoucher chez les parents à la boulangerie.
La ferme n'est pas accueillante. Un jour, Jacques et Jeanne ont émis l'idée d'acheter un tracteur pour remplacer le cheval. Mon père, allez savoir pourquoi, a immédiatement imposé son veto. Il reste dans le même esprit de continuité dans ses idées de contradiction.
Pour aller chez cette sœur, je peux à nouveau disposer de mon vélo. Ceci vaut bien une anecdote. Ce vélo, d’un modèle non récent, avait été remis en ordre pour mon frère Julien, mon aîné de 7 ans. Sa capacité de rouler sur cet engin est nulle. Différents essais dans les prairies de Bonvoisin le prouvent: dès l’approche d’un arbre, c’est contre le tronc qu’il se dirige évidemment. En fait, il n’est pas intéressé.
C’est tout le contraire pour moi, mais, je n’ai pas le droit de m’aventurer sur la route. Je fais donc mon apprentissage dans le vestibule de notre maison. La largeur de celui-ci n’excédant pas le mètre et demi en largeur, et de ce fait ne pouvant donc pas faire demi-tour, je dois, après chaque trajectoire, revenir à reculons avec le vélo, pour pouvoir recommencer la marche avant. Finalement, je sais rouler. Je peux alors disposer d'un nouveau guidon, une nouvelle sonnette, une nouvelle chaîne, une dynamo et un phare pour être en ordre de circulation.
Par un beau jour de soleil, nous sommes le 15 août et mes sœurs vont rendre visite à ma tante Marie de Xhendelesse; elle est la sœur de mon grand-père de Bonvoisin et c'est chez elle que nous avions évacué au début de la guerre. Sans demander la permission à mes parents, j’enfourche alors mon vélo afin de quand même utiliser celui-ci de temps en temps, et je vais donc retrouver mes sœurs chez la tante Marie.
Lors du retour, comme ma mère est déjà réticente à mes voyages en vélo, elle me supprime ce qu’elle appelle mon maudit vélo, me fait démonter guidon et roues. Mon vélo se retrouve donc au grenier pour plusieurs années. Plus tard, cela arrangera mes parents et je pourrais à nouveau disposer du vélo, notamment pour aller à Hubert-Fays aider ma sœur dans les différents travaux d'amélioration du logis.
Plus tard, ils abandonneront la ferme. Réellement, que ce soit Jacques ou Jeanne, ce métier ne leur convenait pas. Jeanne reprendra une épicerie à Wegnez et Jacques ira travailler chez Mabelpap à Stembert.
Nous sommes en 1954 et Edith habite avec sa tante Sylvie, chez Delong rue de Rechain au n° 66 à gauche en montant. La maison est en retrait de la chaussée et sur la droite, un petit hangar abritait les charrettes de cet homme qui jadis s'occupait de charroi avec un cheval: il était aussi marchand de charbon Une barrière à rue ferme la cour de la maison. Des années plus tard, le nouveau propriétaire a construit une nouvelle maison devant l'ancienne.
Ce Mr Delong semble jaloux de ma présence, et alors parfois mais toujours méchamment, il ferme à clé la barrière d’entrée pour m'empêcher d'entrer et de toute manière, dès qu’il a l’occasion et il les cherche; il me fait sentir son antipathie vis-à-vis de moi. Je me suis même demandé s'il n'espérait pas que son fils, un peu simplet puisse prendre ma place et devenir le fiancé de ma chérie.
Pour cette raison, tante Sylvie Blaise va déménager et planter ses pénates au second étage de la maison en face soit au n°39. Comme annoncé dans un autre chapitre, j’ai terminé mes occupations au patro et vais régulièrement chez la tante Sylvie les jeudis et dimanches, ainsi qu’ à Bellevaux lorsque Edith retourne pour le week-end.
Je prends alors le bus vers Malmédy le dimanche à 10h30 à la gare de Verviers et Edith et Yvonne viennent en vélo à ma rencontre me retrouver au pont de Warche à l'arrêt de l’autobus Verviers Malmédy St Vith. Le week-end terminé, nous rentrons ensembles à Verviers avec le bus du lundi matin. Le trajet Bellevaux Malmédy du lundi matin se fait en voiture avec un voisin du nom de Jean Noël qui va travailler à Malmédy. Jean Noël est le frère de tante Anna, elle-même épouse d’ Emile Blaise frère de ma belle-mère et parrain d’Edith.
Entre temps, Joseph en 1956, Phina et Yvonne en 1955, se sont mariés. La maison de Bellevaux se vide peu à peu, il m'arrive donc les week-ends où nous retournons avec Edith chez belle-maman, de dormir dans le grand lit avec bien sûr ma belle-mère entre nous deux.
Cette anecdote mérite d'être racontée. A cette période, Joseph, le frère d'Edith occupe avec son épouse, le rez de chaussée de la ferme. Ma belle-mère vit donc dans les trois places du premier. Voilà donc le pourquoi de cette chambre à coucher commune.
Dès la fin de ses études, Edith est engagée à la chapellerie Courtois sise rue de la Chapelle à Verviers. Mais suite à une incompatibilité de caractère avec une des employées qui lui cherche noise, elle entre alors à la Textile de Pepinster où elle restera jusqu'à notre mariage. Mais ce nouveau contrat stipulait que si elle se mariait, elle devait quitter cette société. C'est pour cette raison, que par la suite, elle travaillera dans les bureaux de l'Auto Sécurité.
En 1957, Caritas Catholiqua propose à la Belgique d'héberger durant les vacances d'été, des enfants venant d'Autriche. Nos parents ont accepté l'offre et nous avons accueilli une petite fille qui était très gentille. Elle s'appelait Monika âgée de six ans et venait de Linz. Très vite, elle s'est intégrée et rapidement se débrouillait en parlant français. Deux ans plus tard, un nouveau convoi est annoncé. Avec Edith, étant alors mariés, nous avons cette fois, accepté de reprendre Monika. Cette fois, elle venait avec sa sœur Erika. Une fille très différente de sa sœur qui fut acceptée par Jacques et Jeanne à Hubert-Fays. Monika, toujours aussi gentille, n'avait pas complètement oublié le français appris deux ans plus tôt.
Durant les vacances de la boulangerie en 1956 et 1957, je passe une partie de mes vacances à Bellevaux et là je donne soi-disant un tout petit coup de main dans les champs à l'occasion de la fenaison.
Ces périodes sont aussi spéciales; le courant électrique est fabriqué grâce à un biez réalisé à l'époque par mon beau-père qui est décédé en 1944. L'eau est prise dans le ruisseau du ru du Bras qui passe sous un pont près de la maison familiale; cette eau actionne alors une dynamo pour produire le courant.
A cette époque, les appareils ménagers fonctionnant électriquement sont rares, et de toute façon, le courant produit est du courant continu, donc incompatible avec les appareils présents sur le marché. De toute manière à cette époque peu d'appareils ménagers électriques étaient en activité.
Un autre problème est que si l’été est sec, le débit du ruisseau est faible et la dynamo produit alors à peine un peu d’électricité, juste assez pour éclairer quelques ampoules et ainsi pouvoir deviner l’emplacement des tables et chaises.
Les soirées du week-end à Bellevaux se passent gentiment. Parfois Yvonne et Jules habitant leur ferme rue Pouhesse à Waimes descendent le dimanche soir à Bellevaux en vélo. Seul Ernest et Phina ont une voiture pour leur boucherie de la rue du Commerce à Malmédy.
A l’époque, les bouchers vont acheter leurs bêtes dans les fermes et les conduisent à l’abattoir pour les tuer eux même. Pour Ernest, cette dernière opération se fait tous les lundis et le mardi est le jour de préparation de la charcuterie et de la découpe des viandes des animaux tués la veille. Il est aidé par deux ouvriers, et par sa mère Nènène qui elle, leur donne un sérieux coup de main.
En vue de notre mariage, je cherche et trouve un appartement place du Sablon au n°75 en face du légumier Lansmans. Cet appartement situé aux quatre fenêtres de gauche au premier étage, était occupé par Mme Rensonnet, une dame veuve âgée de près de 80 ans et épouse d'un ancien industriel. A son décès, avec Edith nous visitons ce qui pourrait devenir notre nouveau nid.
Le propriétaire, un monsieur Hannotte de Liège fixe les conditions de location: soit cinq mois gratuits pour remettre l’appartement en état. Le locataire du rez de chaussée Mr Jardinet, entrepreneur en maçonnerie dispose de 15 jours pour reconditionner le gros œuvre. Il faut savoir que cette dame faisait déverser ses sacs de charbon dans la pièce contiguë à sa chambre à coucher.
Durant quatre mois, après journée, je vais aller avec Edith et de temps en temps avec la tante Sylvie, repeindre et tapisser les cinq pièces.
Avec ma fiancée, nous achetons couleurs, linos, rideaux et tentures. Tout est remis à neuf. Nos parents nous achètent cuisine, salle à manger et chambre à coucher. C’est important pour moi car jusqu’à la veille de notre mariage, je n’ai reçu aucun salaire. Nous ne devons pourtant pas nous plaindre: les deux mamans ont fait le maximum afin que nous ne manquions de rien.
Elles nous achètent aussi une machine à lessiver avec un réchaud à gaz sous la machine et quatre ailettes de bois dans la cuve qui servent à remuer le linge pendant son nettoyage. Nous disposons aussi d'une petite essoreuse.
Notre mariage civil a lieu à l’hôtel de ville de Dison le 16 juillet, étant donné que nous sommes tous les deux résidents dans cette commune. Le mariage religieux se fait à l’église de Bellevaux le 23 juillet 1958.
Mes parents louent donc un petit car chez Wergifosse aux fins de pouvoir embarquer toute la famille vers la cérémonie. Le temps est radieux et la mariée splendide et adorable. Le mariage est célébré par mon frère et le curé du village. Lors de la cérémonie, une pensée est émise pour le papa d'Edith décédé en 1944, juste avant l'offensive des Ardennes de la seconde guerre mondiale.
Le repas préparé par Marthe Georis, cuisinière attitrée du village est plus que parfait et se fait au premier étage de la maison familiale avec les parents, frères et sœurs, ainsi que les parrains et marraines de la mariée. Moi je n’ai plus ni parrain ni marraine. Le soir, avec les cousins et cousines du coin, nous nous rendons tous dans la petite salle près de l’église du village pour une soirée dansante.
De retour dans notre nouveau nid après la noce; nous partons le lendemain à Thourotte en France. Nous sommes invités chez Julien et Marie-Thérèse pour quelques jours. Durant ce séjour, nous irons un jour en train pour visiter Paris. C'est avec un plan précis et un abonnement du métro pour un jour que nous allons découvrir un maximum des merveilles de cette superbe ville.
Je me souviens, que dès le lendemain de notre retour, nous avons acheté à Verviers, notre poste de radio Grundig. Il avait une sonorité magnifique. En même temps, nous avons fait l'acquisition d'une cireuse électrique.
Quelques jours après notre mariage suffisent à notre tante Sylvie Blaise pour être en désaccord avec nous; elle estime ne pas avoir été invitée vite assez et rompt toutes relations avec nous et la branche Muller Blaise. Pour bien marquer son désaccord, elle renoue des liens avec d’autres branches de la famille dont elle était en désaccord depuis des années. Sa vie d'ailleurs a toujours été semée d'accords et désaccords avec l'un ou l'autre.
Pauvre personne, j’ai pourtant tenté plusieurs fois de renouer le contact avec elle. La dernière fois, mais très difficilement, elle me dit accepter et clore ce douloureux chapitre. Et pourtant, plusieurs jours après, elle déclare à une de ses nièces, regretter de nous avoir laissé une lueur d’espoir.
Nous avons donc dut nous en accommoder et c'est ainsi que toute la famille Muller a été bannie. Pour la petite histoire, lorsque nous avons arrêté la boulangerie en 1966, afin d'habiter définitivement dans notre nouvelle demeure au Thier de Hodimont, elle répandit le bruit jusqu'à Bellevaux, que nous avions été obligé de quitter la boulangerie suite à de mauvaises affaires et, que nous habitions un petit quartier dans la rue de Hodimont à Verviers.
Durant notre première année de mariage,nous rendons souvent visite à oncle Arnold et tante Sylvie habitant en ces moments là à la ferme de Bonvoisin. Un dimanche, nous sommes partis avec eux en voiture à Laroche. Peu habitués à ce genre de choses, oncle Arnold et tante Maria sont restés dans la voiture pendant que nous visitions la ville avec tante Sylvie. A chaque visite que nous faisons chez eux, nous jouons aux cartes; eux aussi viennent régulièrement chez nous pour battre la carte.
Nous rendons aussi souvent visite à oncle Victor et tante Marie de la rue aux Verres. Là aussi ce sont des amateurs de cartes. Étant donné qu'ils possèdent un jardinet derrière leur petite maison, ils sont heureux et comblés lorsque nous leur confions durant les après-midi d'été notre premier enfant Didier. Nous nouons aussi de très bons contacts avec Joseph et Marcelle Crischer, Idalie ainsi que les deux filles Jeanine et Josette. Ces contacts seront encore plus fréquents par le suite lorsque nous aurons fait l'acquisition d'une voiture.
Et alors, régulièrement nous irons à Welkenraedt où nous passons de bons moments surtout avec Jeanine et Josette. Au moindre problème que nous aurons, c'est chez elles que nous placerons Didier et par la suite Daniel. Nous aurons aussi avec notre voiture plus de possibilités pour nous rendre chez maman et la famille Muller.
Un an après notre mariage, c’est au tour d’Alice et Renée de se marier. elles se marient le même jour, Alice avec Pierre Gauthy et Renée avec René Deheselle tous deux dirigeants du patro. C'est la dernière fête de la famille Thonnard qui a lieu à la boulangerie.
Mes parents perdent maintenant plus de la moitié de leur personnel. Ils décident de jeter l’éponge et me vendent le commerce. Je suppose à ce moment que la solution est bonne; de toute façon, je viens de travailler douze ans dans cette boulangerie et je pense peut-être à tort, de faire un bon choix.
Par la suite, je vais pourtant l'abandonner, mais je ne regretterais jamais le choix de l'avoir reprise, mais non plus de l'avoir abandonné. Je dois dire que dans mon futur job à Fiberglas, je ne ménagerais jamais mes efforts pour progresser jusqu'au maximum possible en étant conscient que je ne dispose d'aucun diplôme.
Sans pour autant me vanter, je dois dire que durant toute ma vie, je me suis entièrement impliqué dans ce que j'entreprenais et ce depuis le patro, la boulangerie et par la suite mon travail à Fiberglas ainsi que mon service au sein de la chorale paroissiale.
Rebelote donc, à la boulangerie, des travaux sont nécessaires afin de mieux coordonner le travail. Tout le personnel familial s’envole, il faut donc améliorer les conditions de travail et rationaliser les occupations. Ce sera fait sans délais malgré plusieurs réticences de la part de mon père. Nous aurons plusieurs ennuis avec lui, concernant les améliorations que nous devons impérativement apporter à la maison pour améliorer le rendement. Je ne comprends pas bien son attitude. Mes oncle Arnold et Victor ainsi que ma belle famille sont eux aussi à se demander pourquoi.
Nous allons pourtant nous retrouver à deux, il est donc indispensable de faciliter les différents travaux. Les sols de cuisine et de salle à manger sont désormais couverts de dalles faciles à entretenir. Les vieux pavés de rue de la cour sont remplacés par des dalles en béton pour faciliter et le nettoyage et le passage des rayons montés sur roulettes; nous mettons aussi un toit en plastique pour relier l'atelier et le vestibule. Sous ce toit, nous plaçons deux grands bacs pour faire les différentes vaisselles de l'atelier. Déjà tous ces travaux sont faits contre l'avis du paternel. Ce toit sera d'ailleurs enlevé dès que nous aurons abandonné le commerce.
Edith, employée chez Stévens, concessionnaire Peugeot pour la région de Verviers, remet son préavis pour prendre en charge le magasin. Nous sommes en 1959.
Il faut aussi quitter l’appartement. Le propriétaire nous permet de le relouer mais avec son aval indispensable quant à l'acceptation du futur locataire. Nous sommes persuadés que ce sera chose facile.
Nous plaçons donc à une des fenêtres une pancarte « appartement à louer » et trois heures après, un amateur monsieur Roggeman se présente, il visite les différentes chambres et marque rapidement et sans discussions son accord sur les modalités que nous lui proposons. Heureux de trouver tout impeccable, il nous rachète sans conditions, tout ce que nous ne pouvons emporter. Cet homme n'est pas du tout manuel. Employé à la maison communale, il va se marier et il deviendra le futur bourgmestre de Dison pour un mandat de quatre ans. C’est ce que l’on peut appeler « avoir du bol ».
Il est vrai que pour nous, après un an, tout est toujours impeccable. Mon épouse, qui gère et travaille dans un service de comptabilité, sort le grand relevé des factures d’achats du matériel à revendre et tout se passe très rapidement et sans la moindre anicroche.
Pour nous aider à l’atelier de notre nouveau job, nous engageons un jeune apprenti de quatorze ans qui pendant un an restera chez nous. Finalement il pense vouloir faire autre chose de sa vie et nous quitte. Jean Delaval entre alors comme mécanicien.
Nous avons alors la chance d’être aidé par oncle Victor, frère de mon père qui vient tous les jours nous donner de précieux coups de mains jusqu'à ce que nous trouvions un nouvel aidant. Pour la petite histoire, mon oncle Victor et son épouse, tante Marie avaient hérité de leurs parents et pensaient alors vivre rentiers. Mais leur fortune fondant comme neige au soleil, suite à d'énormes dévaluations, ils durent alors vivre très modestement.
Les samedis, mon père vient aussi nous aider à l'atelier. Les vendredis, madame Malherbe vient nettoyer nos appartements et le dimanche, c’est son mari, facteur à Dison qui vient m’aider à l’atelier pour la fabrication des croquants, une spécialité de la maison. Par la suite, nous retrouvons un tout jeune apprenti, il est très gentil mais pas du tout débrouillard, il abandonne après une quinzaine de jours.
Vient ensuite Carmel Marchèse dont les parents habitent Herve. Il fera très bien ses trois ans d’apprentissage chez nous. Nous avons eu de très bons rapports avec ses parents. Après ce stage, nous l’avons gardé comme ouvrier jusqu’ à la fin de l’année 1965. Mais les dimanches matin, nous gardons toujours monsieur Malherbe; Carmel aurait presté trop d'heure par semaine et nous aurions risqué de le dégoûter.
C'est en 1960 que nous achetons notre première voiture. une Daffodil, voiture sans vitesse et donc facile à conduire.. Nous passerons nos vacances avec Renée et René Deheselle en louant pour 8 jours un petit chalet au lieu-dit Ronhis (orthographe inconnue) soit au-dessus de Bellevaux. Afin de rentabiliser l'achat de notre voiture, nous décidons aussi de faire une tournée de vente de pains à domicile.
Par la rue de la Station, l'avenue Jardin-Ecole, la rue du Bois, où nous fournissons pratiquement toutes les maisons de cette rue, je redescends ensuite par la rue et la cité du Husquet. Ce tour me prend environ une heure. En 1961, nous changeons de voiture, toujours une Daf, mais légèrement plus puissante.
En cette année 1961, durant les congés, nous sommes partis en vacances à Lourdes. Nous avons pris avec nous ma belle-mère. Cette dernière est toute heureuse de faire enfin ce voyage dont elle a rêvé toute sa vie. Le voyage est alors programmé par la société " Général Car ".
Trois étapes sont prévues pour descendre vers le sud: Sens, Angoulème et Lourdes et trois pour remonter: Montargis, Dijon et Dison. Sur place à Lourdes, nous sommes restés quatre jours. Muni d'un calepin détaillant tous les patelins par lesquels nous passons, nous avons réalisé un superbe voyage.
Les hotels d'étapes sont splendides. Malheureusement, Edith est au début de sa grossesse, elle attend notre premier enfant. Elle sera au cours du trajet, souvent dérangée et couchée sur le siège arrière. C'est donc ma belle-mère assise près de moi, qui découvre les merveilles du paysage.
Ce qui va la frapper le plus, c'est la vétusté des maisons et des fermes du sud de la France. Elle en parlera encore souvent bien longtemps après. Il faut noter que la plupart des fermes de la région de l'est de la Belgique sont souvent des bâtiments irréprochables et même parfois différents de ceux du pays de Herve. Ils ont aussi, bien souffert en décembre 1944, lors de l'offensive allemande. Ceci expliquant cela.
Notre petite famille s’agrandit: un petit garçon vient de naître en ce vendredi 9 mars 1962. Ce fut une journée mémorable. Les premiers symptômes se sont manifestés très tôt le matin; et comme la boulangerie doit quand même tourner, c'est Jeanine de Welkenraedt, qui connaissait maintenant très bien la boulangerie; puisque en prévision de cet évènement elle est venue nous aider précédemment durant plusieurs samedis. Elle vient donc à la maison.
Ce vendredi donc vers 16 heures sœur Clara, accoucheuse de la maternité Sainte Marie de la rue Masson, téléphone et nous demande des prières car l’accouchement ne se présente pas au mieux. Edith fait énormément d’albumine et pourrait faire un crise d'éclampsie; les jours de la maman et du bébé sont donc en danger. Ma belle-mère, est présente chez nous pour ce week-end, elle est partie à la maternité et est alors allée prier à l’église des Récollets.
Après avoir fait ma tournée, je me rends directement à la maternité. A dix-neuf heures tout est rentré dans l’ordre et Didier nous est né. Son parrain est Ernest de Malmedy et sa marraine Lucie ma sœur.
Notre premier bout de chou va désormais bien changer le rythme de notre petite vie.
En 1962, nous décidons d’acheter un terrain pour construire une maison. Le but est pour nous de vivre à la campagne quelques moments de nos mardis, qui sont le jour de fermeture hebdomadaire. Nous cherchons donc vers le haut de l’avenue Jardin-Ecole. Les emplacements sont rares et chers. Nous espérions le trouver dans la prairie où se trouve actuellement le lycée de Dison. Mais à cet endroit et à l'époque, rien n’est à vendre.
Poursuivant plus haut nos recherches, nous arrivons au Thier de Hodimont et là toute une prairie est à vendre. Notre première idée nous conduit au bas du lotissement; la vue à cet endroit n’est pas idéale et ce terrain est le plus petit. Ce mardi là, toute les dix minutes, nous montions vers le terrain suivant; plus haut, plus grand, plus ensoleillé et surtout avec un panorama plus étendu. C’est donc finalement au terrain le plus haut, contre la maison du coin, que nous mettons notre dévolu. Le prix du terrain est de 65 frs le m2 soit en Euro 1.60. La société venderesse cadre le terrain afin que le géomètre puisse l’évaluer.
Mr Dellicour le voisin de la maison joignante, voyant la délimitation de son terrain avoisinant, pensait avoir la priorité d'achat dans le cas de la vente de celui-ci. Malheureusement pour lui, cette clause concernait uniquement le propriétaire précédent soit Mr Mosset, le grand-père de la chanteuse Julie Mosset.
Il lui reste donc la solution de nous demander d’abandonner notre achat. Nous acceptons avec deux conditions: la première et non la moindre étant que le terrain jouxtant soit libre; la deuxième demande est qu il nous cède une bande de deux mètres sur la largeur du terrain et nous donne 50 cents par m2 sur le restant de la parcelle. Pas heureux, il a cependant accepté. Ces deux mètres supplémentaires de façade vont nous permettre de porter à huit mètres au lieu de six la distance entre la maison à construire et celle de la parcelle suivante. Un autre effet et non des moindres : elles ne permettent plus la vente du terrain ci-devant décrit: en effet, une des clauses du permis de bâtir de ce lotissement exige une largeur minimale de quinze mètres de façade: il en reste treize.
Nous n'aurons donc pas de voisins direct de ce côté.
Le quartier à l’époque était occupé de la façon suivante :
La route venant de Verviers montait par la rue Montagne de l’Invasion. Elle était très étroite et fut empruntée en août 1914 par l’armée allemande lors de l’invasion de la Belgique; les troupes venaient d’Eupen et se dirigeaient vers Herve. C’est aux dires de Madame Debor, qui habitait la petite maison dans le tournant plus bas que chez nous qui raconte que ces allemands ont fusillé une dame au carrefour de chez nous devenu aujurd’hui en 2011, un rond-point. A l’époque, une croix fut d’ailleurs plantée à cet endroit. En 1946, la route est élargie pour répondre au trafic de voitures toujours plus nombreuses et en 1990, elle fut encore élargie et dotée de toute l’infrastructure pour permettre la construction de maisons à gauche de cette route venant de Verviers. La construction et l’entrée d’autoroute avenue Jardin-Ecole en plus du parc auto toujours plus important ont augmenté la circulation du carrefour et ont nécessité ces nouvelles infrastructures. Elles diminueront aussi considérablement le nombre d’accidents.
A droite de la maison de Mme Debor, dans le fond il y avait une ferme tenue jusqu’en 1964 par le fermier Bonaventure. Devant cette dernière et à route une autre ferme tenue par les époux Bayet et dont l’épouse était très myope. Ils ont tenu la ferme dont le bâtiment à rue est classé, jusqu’en fin des années 1970. Puis leur fille a repris l’exploitation avec son époux qui travaillait aussi à l’abattoir de Verviers jusqu’aux années 1990. Ils ont alors déménagé et construit un bungalow à l’entrée de Grand-Rechain.
En face de cette ferme classée et en recul dans la prairie, une autre ferme tenue par Mr et Mme Bayet, ce sont des cousins des précédents qui ont tenu la ferme jusqu’aux années 2004. Ils ont alors aménagé et agrandi le chemin qui rejoignait la route de Lambermont en face de la maison Schonbrood. Egouts, gaz et électricité vont permettre la construction de plusieurs maisons d’habitations dès les années 2009.
Mr Schonbroodt avait un petit atelier de ferronnerie agrandi en 1970 pour permettre à ses deux fils de travailler dans l’entreprise. Mais l’un des deux s’est suicidé et l’atelier sera alors fermé fin des années 90.
En descendant vers Verviers, se trouve à gauche de la route, une ferme tenue par les époux Janssen qui jusqu’en 1964 faisaient paître leurs vaches également dans la prairie qui est alors à vendre comme terrain à bâtir en 1962 et devenue depuis, notre parcelle. Ils occuperont les bâtiments jusque dans les années 1970; par après la ferme sera aménagée en appartements.
Une autre ferme existait aussi plus bas, soit en face de la centrale. Elle a aussi disparu en tant que ferme. Je pense aujourd’hui que bientôt tous ces pâturages deviendront à court terme des zones habitables.
Lorsqu’en 1963, nous achetons le terrain, seul quatre maisons sont construites dans la rue Haut-Husquet soit celles qui du carrefour descend vers Dison : deux à chaque coin : celle joignant la nôtre où habitait Mr et Mme Mosset les grands-parents de la chanteuse Julie Mosset, puis par la suite les époux Dellicour et leurs six enfants. Et en face celle habitée par une infirmière. Les deux autres à côte et construites elles aussi dans les années 1950, où habite les époux Wéber et en face les époux Pesser.
Sur la route menant vers Rechain, dans les mêmes années sont construites une petite maison à droite et un garage plus loin à gauche tenu par les époux Gerlache avec en face une grosse maison d’habitation habitée par les époux Déus et dont la construction date d’avant 1940. En 2013, elle est agrandie pour faire des appartements.
Dès 1965, les maisons joignant la nôtre et celles sur la route du Haut-Husquet vont se construirent et dès 1968, elles seront toutes terminées.
C’est aussi durant les années 60, que le tronçon d’autoroute qui relie Battice à l’Allemagne en passant par Spa et St Vith est mise en chantier et va changer le tracé de notre route descendant sur Verviers. C’est par un nouveau tracé réalisé dans les années 70 qui supprime la descente par la Montagne de l’Invasion et rend la voie moins raide pour accéder en ville par la nouvelle percée qui traverse le bois puis vire pour passer sous l'autoroute..
C’est en 1990 que la route depuis le garage Gerlache jusqu’au tournant dessous chez nous ainsi que la route vers Lambermont jusque chez le ferronnier Schonbroodt vont être élargies d’un tiers et tous les abords de ces routes déclarés terrains à bâtir. En quatre années, tous les terrains sont vendus et les maisons sont construites.
En 2005, un service de bus de la ligne 69 reliant Liège à Verviers en passant par Soumagne et Grand-Rechain est dévié de sa route Rechain-Dison- Verviers pour monter par le Tillet et rejoindre Hodimont par la Centrale située au-dessus du Thier. Le nouveau tracé de notre route a rendu possible ce service de bus pour le plus grand bien des nouveaux venus habitant le quartier.
Début 2014, débutent de grands terrassements le long et à gauche de la Centrale. A première vue, il semble qu'il s'agit d'un agrandissement de cette Centrale électrique.
Didier a quatre mois et les vacances de 1962, nous les passons en louant une petite maison à Exbomont-la Gleize pour une dizaine de jours. Cette maison de deux chambres est assez petite, nous l'avons découverte en rendant visite à Alix Goffin, un ami avec qui j'ai fait mon service militaire à Visé. Elle nous permet d'évacuer notre train-train quotidien et malgré tout ne sommes pas trop loin de Malmédy et Waimes que nous visiterons régulièrement.
Nous sommes en 1963, Mr Jeangette architecte à Dison, est pressenti pour élaborer un plan de notre future maison. Notre objectif est d’avoir une petite habitation, facile à chauffer mais toujours vendable au cas où nous devrions nous en défaire. Elle aura donc une superficie de 81 mètres carrés. Construite en début d'année 1964, nous y passerons nos premières vacances dès le mois de septembre. Pour la petite histoire, lorsque Daniel est né le 16 juin: au sortir de la maternité, nous sommes montés avec le nouveau-né voir l’évolution des travaux. Quant à Didier, il était àWelkenraedt chez Joseph et Marcelle.
Nos vacances en 1963, nous les passons à Heist sur Mer, durant huit jours avec ma belle-mère, Didier alors âgé de 17 mois, Bernadette de Malmédy, Christian de Waimes et Josette de Welkenraedt. Nous avions changé de voiture et acheté un break Fiat 1300. Pourquoi, je ne sais pas, cette voiture a été et sera toujours ma préférée. Le dimanche durant ce séjour, Ernest et Phina sont venus nous rendre visite à la mer.
La naissance de Daniel est aussi une péripétie. Dans la nuit du quinze au seize juin 1964, les douleurs et les contractions se font sentir. Avec Maman, nous descendons donc à la maternité. C’est sœur Assumpta qui nous reçoit et après une courte visite celle-ci nous annonce derechef qu’il faudra le gynécologue et qu’il viendra dès le matin. Effectivement, comme prévu, dès son arrivée, celui-ci nous annonce que le bébé est mal placé: c’est un siège.
Je ne participe donc pas à l’accouchement. A 10 h 30, le mardi 16 juin, Daniel vient au monde. C’est notre jour de fermeture du magasin, ceci ne gâte rien. Son parrain est Albert, mon frère habitant Bruxelles et sa marraine Yvonne, ma belle sœur de Waimes.
Nous projetons maintenant de moderniser notre magasin. Plus vétuste que lui, est presque impensable. Avec l'aide de Mr Tabruyn, en qui nous avons une totale confiance, nous entrons en contact avec une société de Dinant qui durant huit jours, va en modifier carrément tout l'intérieur.
Et ce toujours malgré le refus formel de mon père qui est toujours le propriétaire.
Comptoir en bois, rayons à pains, rayon métallique pour tartes ainsi qu'un genre de plan de travail avec trente-deux tiroirs se trouvent dans un magasin de 12 mètres de profondeur et 3,70 mètres de hauteur qui vont totalement disparaître. Parquets, plafonds, meubles, cloisons, étagères ainsi qu'un comptoir frigo, que nous n'avions pas; une toute nouvelle installation électrique avec une enseigne néon à l'extérieur a rendu une jeunesse à nos installations.
Pour le samedi de l'ouverture la firme Molco par l'intermédiaire de Mr Tabruyn nous a donné plusieurs montages pâtissiers à vendre. Lui-même, avec un technicien de la firme, est venu à l'atelier le vendredi précédent la réouverture afin de nous aider dans la fabrication de nos marchandises. Oncle Victor est aussi venu le samedi, nous aider à l'atelier pendant que maman Muller s'occupait de la cuisine et que notre brave Jeanine venait en renfort au magasin.
Ce jour ni les suivants, mon père n'a jamais jeté un regard sur nos nouvelles installations. Seule ma mère en rentrant de chez mon frère Joseph vicaire à Stembert, a, le soir de l'ouverture entrouvert la porte arrière de la boutique pour déclarer en deux mots: C'est beau. Et c'était tout. Phina et Ernest tout heureux sont venus le dimanche après-midi voir notre nouvelle installation qu'ils ont trouvé splendide.
Le locataire du premier étage est un Monsieur Henrotte, il est fondé de pouvoir de la laiterie INTERLAIT; usine située rue Neuve à Dison qui n’a cessé de s’agrandir et qui pour son extension a racheté toute une rue ainsi que les maisons qui reliaient la rue Pisseroule au rond-point de la rue d’Andrimont. Par la suite, la société fera aussi main basse sur toutes les maisons de la rue Albert I où se situe aujourd’hui le nouveau complexe commercial Zeeman et O Cool. Ont aussi disparu toutes les maisons entre le rond-point de la rue d’Andrimont et celui de la place Trauty ainsi que la moitié des maisons de gauche de la rue Neuve.
Ce monsieur Henrotte, célibataire et vivant avec sa maman venait certains soirs chez nous pour jouer aux cartes ou aux petits chevaux. Parfois sa maman venait le dimanche matin et gardait Didier et Daniel pendant qu'Edith servait au magasin les nombreux clients venant surtout au sortir des messes. Certains sortaient même avant la fin de messe pour être servi dans les premiers.
Nous vendions à l'époque plus de mille croquants et pistolets. Parfois Daniel, durant ce temps, s'introduisait au magasin et mordait dans un croquant, le rejetait dans la manne et puis mordait dans un autre. La surveillance était de mise pour ne pas vendre un croquant déjà croqué!!
Monsieur Henrotte fera aussi en fin d’année 1965 le grand St Nicolas en personne pour la joie de Didier et Daniel, des grands-parents, des parents et de tous les neveux venus de Malmédy.
Ce locataire a composé pour cette circonstance, un petit discours concernant uniquement la maîtresse de céans. En voici le texte qui est disponible aussi dans nos archives.
St Nicolas à Madame Thonnard.
Si j'ai consenti, la veille même de ma fête, à quitter mon céleste trône pour venir poser mon auguste séant en cette basse terre, c'est avant tout pour satisfaire au vœu émis, si gentiment, par la maîtresse de céans, mais aussi pour vérifier les renseignements qu'à son sujet m'ont livré mes valets. Leur rapport dit ceci:
Muller Edith, épouse Thonnard Paul
Négociante de son état.
à DISON, rue Albert Ier n° 103.
Petite fleur fragile, éclose au beau pays Waimerais,
(il s'agit pourtant de Bellevaux-Malmédy) transplantée par amour pour son mitron de mari, en cette cité de Dison, qui n'a plus de ville que le nom.
Rapidement acclimatée à la chaleur des premières effusions conjugales, bientôt elle déchanta et chercha des loisirs.
A l'instar des Romains, dont elle est descendante, elle créa un empire et depuis elle gouverne sur deux pauvres martyrs. IRENE de Clermont et CARMEL de Calabre sont ses fidèles sujets, que d'injures elle accable, sans cesse ni arrêt. Du matin jusqu'au soir, vous entendez ses cris, elle les gourmande par-là et les fustige par-ci.
Ne pensez pas pourtant qu'elle soit méchante en cela, c'est tellement elle envie de jouer avec eux. Ne pouvant abdiquer de son autorité, elle fit ses propres jeux. Pour y participer, hâtez-vous lentement. Si d'aventure, vous êtes son partenaire, sachez perdre gaîment, et cela pour lui plaire.
N'essayez surtout pas de faire le contraire, sinon de noms d'oiseaux vous seriez baptisé, et même aussi parfois, fortement malmené. Son mauvais caractère va jusqu'à ses clients sur qui elle vitupère, à part bien entendu, les acheteurs de pralines, ceux-là, elle les vénère.
Enfin, voici le pis, son pauvre mari. Bien qu'il soit sans péché, sa vie est un enfer, la chaleur de son four n'est vraiment rien envers. Ses seuls moments de paix, c'est quand il part livrer. En ces instants bénis, il peut enfin souffler. Mais s'il rentre en retard, quelle tarte il ramasse, car quand cela lui arrive, elle ne tient plus en place.
Sans cesse elle va et vient, d'ici à chez Crépin.
Elle s'y gave de frites, au point qu'elle n'a plus faim.
Mais maintenant, je l'ai vue et je ne crois plus rien.
Et pour bien le prouver, je m'en vais l'embrasser.
05/12/1965.
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Le métier pour lequel j’ai commencé, contraint et forcé trouve enfin sa fin logique. Je ne peux pas dire que j’ai regretté de l'avoir exercé, mais finalement ma décision est prise et j’ai envie d’une autre vie. J’ai postulé, sans succès, une place de représentant provincial pour les huiles Vandemoortele. Finalement, c’est Mr Christman représentant des moulins Hungaria qui accepte de m’engager dès la remise du commerce. Il est clair que trouver une nouvelle place sans avoir remis notre commerce est impensable et non raisonnable.
Nous l'avons donc effectivement remis lors de la deuxième semaine de Janvier 1966, à monsieur Louis et son épouse.
La première semaine ayant servi à déménager. Je suis ensuite resté le premier jour de son ouverture pour lui expliquer les différentes manipulations de notre entreprise, mais ce jour lui a suffit, il a tout compris, moi aussi, car j’ai remarqué que son épouse a passé les moments où il n’y a pas de client, assise près du poêle avec une tasse de café; pour un premier jour cela est pour le moins bizarre. Il est vrai que le magasin était nickel lors de la remise. Elle aurait cependant pu y apporter sa petite note personnelle.
Nous avons eu quelques difficultés pour recevoir le montant de la remise du commerce, mais trois longues semaines ont suffit; nous avons eu peur quand même. Ils avaient reçu l'accord de prêt d'une première société, puis espérant finalement un prêt plus avantageux d'une autre société, il entreprit de nouvelles démarches, mais cette dernière lui refusa et du coup la première changea d'avis elle aussi, il dut retrouver une troisième société de prêt. D'où la peur pour notre argent.
Trop jeune encore et croyant que tout le monde est gentil, je débute une carrière en tant que représentant de commerce pour le compte de Mr Christman de Spa; il est lui-même représentant des Moulins Hungaria et de la firme Jacquemin de Liège, ces derniers vendent toutes les matières premières pour boulangers et pâtissiers.
Dans mon esprit, je pense et souhaite que nous puissions réaliser des matières à demi préparées pour faciliter la tâche des boulangers. Cette manière de faire est de plus en plus à l'ordre du jour car elle permet pour certains boulangers de supprimer un tant soit peu du personnel.
Lors de nos premiers entretiens, il marque son accord sur cette proposition. Il fera pourtant marche arrière.
Tout bascule rapidement, je suis dépité; mon seul payement consiste en un pourcentage sur les ventes que je réalise et qui ne couvre même pas mes frais de voiture.
Il accepte de me dédommager durant trois mois mais il refuse mes commandes lorsque sans le savoir, je visite un de ses clients. Je sens très mal la tournure des évènements. Je m’affilie donc à Liège au syndicat des représentants afin de mieux connaître mes droits.
Suite à cela, et sur les conseils de ce syndicat, je lui fait part de mes aspirations et revendications. Pour ces différentes raisons, après quatre mois de prestations, il me fout dehors du jour au lendemain, mais surtout non règlementairement pour le syndicat qui m’incite donc à poursuivre afin de ne pas perdre mes droits. Il m’envoie alors un recommandé m’enjoignant de quitter ma fonction sur le champ et sans préavis.
Heureusement, mon syndicat lui transmet un recommandé lui signalant que suivant la loi et parce que chaque jour je lui rends compte de mes ventes; un contrat tacite existe et un préavis d’un mois doit être presté. Sans l’aide du syndicat, je n’aurais jamais pu me débrouiller seul.
Par ce dernier, il est alors assigné au tribunal du travail qui l’oblige de me payer pour les 4 mois déjà prestés plus le mois de préavis, un salaire minimum légal de représentant. Il refuse et va en appel. Rebelote, il perd à nouveau. J’apprends maintenant aussi, qu’il n’a pas remboursé au moulin Hungaria, des factures pourtant payées par les boulangers.
Dans cet imbroglio, il va en cassation. Là je suis heureux d’avoir payé ma cotisation au syndicat. Toutes ces procédures vont durer des années. Il perd son procès, tombe en faillite et déménage en Suisse. La clôture de cette saga va durer très longtemps; mon salaire qui heureusement est prioritaire aux autres sommes dues me sera versé en mai 1971 soit cinq ans après.
Entre temps, j’ai retrouvé du travail. Je dois choisir entre une place de représentant d’une firme d’Anvers vendant des matières premières pour la pâtisserie ou une place d’analyste de production à Fiberglas où là je dois faire les trois pauses.
L’expérience de ma précédente place m’incite à opter pour cette dernière. Et pourtant dans mon esprit, je pensais bien pouvoir quitter la fonction d’indépendant afin de mieux profiter de mes week-ends. En réfléchissant bien avec mon épouse c’est pourtant cette dernière que nous choisissons.
C’est donc fin du mois de mai que je suis convoqué à la maison communale de Battice pour une interview. L’usine n’est pas tout à fait terminée et le service d’embauche n’a pas encore rejoint l'usine sise route de Maestricht.
Quelques jours plus tard, je suis convoqué chez Monsieur Demeulewie, directeur du personnel et, deux jours après chez le directeur de production qui après quelques tests en mathématique, m’engage pour commencer le lendemain. Ce dernier, Monsieur Albert Goffin me dit avoir connu mon frère Joseph. A l'époque celui-ci était curé de Prayon et lui était directeur aux usines de cette localité.
Je débute donc le 16 juin en tant qu’analyste de production du Forming. C’est le département où se trouve un four de 20 filières à débit constant par où coule le verre fondu à 1500 degrés à l'étage supérieur. Dessous chaque filière, à l'étage inférieur, une bobineuse tournant à une vitesse très précise donne au fil le poids défini par 1000 mètres. Si la bobineuse tourne moins vite le grammage sera plus dense. Il aura dès lors une autre destination. Ces grammages sont à ce moment là de 33, 60 ou 80 gr pour mille mètres. Au cours des années, ils évolueront et pourront arriver trois à quatre ans plus tard, à 300 gr pour 1000 mètres, ce qui augmentera de beaucoup la production journalière.
Mon engagement coïncide donc avec l’allumage du 2eme four et il faut contrôler le poids de toutes les manchettes sorties des filières; contrôler la vitesse qui est très importante de chaque bobineuse et définir par cuisson d'échantillon le pourcentage d’ensimage introduit sur le fil. Ce travail est au départ du 2me four assez fastidieux car la mise en marche sous contrôle du four dépend de nombreux paramètres et prend évidemment du temps pour le personnel encore sans grande expérience.
Il m'arrivait certaines nuits de rêver de mon travail qui était fastidieux. Notre contrôle n’est en réalité qu’une partie des tests exécutés sur le produit. Plus tard, en tant qu'analyste nous serons habilités à effectuer le réglage électrique de chaque filière suivant les résultats obtenus par les différents contrôles.
Cette fonction, je l’exerce durant deux ans, puis j’obtiens la fonction de vérificateur soit le contrôle de qualité de tous les départements de fabrication: le Forming d’où sort le produit. Le Textile où le produit est rebobiné sur des tubes plastiques. Le Roving qui après cuisson du produit sert à la fabrication de pelotes de 15 ou 20 kgs ainsi que des fils coupés servant au renforcement de tous les appareils électriques et autres. Et enfin le Mat-Line produisant un long tapis de fibres, coupées, poudrées puis mouillées et passées dans quatre fours d'une longueur totale de +/- 30 mètres avant d’être bobinés en rouleaux de plus ou moins 80 kgs suivant les largeurs commandées.
J’ai pour cette fonction six analystes qui me rendent compte de leurs résultats d’analyse. Suivant que ces résultats sont hors normes pour moi, je mets le produit à l’arrêt et informe le chef de pause qui doit lui, ramener le produit dans les spécifications.
Entre temps, le boulanger Louis, a qui nous avons remis le commerce, tombe en faillite; franchement, je m’y attendais. La vente de tout le matériel du magasin et de l’atelier se fait en vente publique. Mon père, afin de sauver la boulangerie rachète le tout pour pouvoir relouer le commerce.
Il a un amateur pour lequel il va réaliser divers travaux dont le plus important est de placer un nouveau carrelage dans l’atelier. Il me l’avait toujours refusé. Bref, le nouveau locataire se pointe deux week-ends, puis jette l’éponge et abandonne le projet.
Mon père ne sait pas relouer le rez-de-chaussée en tant que boulangerie; c’est finalement ma sœur Maria qui traverse la rue pour établir sa friture dans l’ancienne boulangerie familiale. Ces diverses péripéties n’ont pas enchanté mon père qui m'en tiendra rigueur durant plusieurs années.
Nous sommes au début de l’année 1969, nous attendons la naissance de notre troisième enfant. Notre petite maison devient trop étroite; elle sera agrandie de trois chambres à l’arrière du bâtiment ainsi que certaines modifications intérieures. C'est Idalie qui nous prête l'argent pour réaliser ces différents travaux.
Le début de cette année marque la mort de mon papa. Il avait perdu une partie de ses facultés mentales; ce qui signifiait à l'époque être atteint d'artériosclérose. Aujourd'hui le terme est devenu la maladie d'Altzheimer.
Nous sommes maintenant en septembre 69 : sœur Clara de la maternité qui pour les derniers jours se trouve toujours rue Masson, va partir momentanément en vacances; mais elle voudrait participer à la naissance de notre troisième bout de chou; l’opération sera alors provoquée et Dominique naît ce 23 septembre vers 17 heures. Son parrain, oncle Arnold Martiny; sa marraine, Maria Muller de Francheville. A la maternité, l’on me certifie ce soir là, que tout est pour le mieux; je retourne donc à la maison et pourtant, le lendemain matin, me rendant à la maternité, j’apprends que notre nouvelle maman a fait une terrible hémorragie. Aux dires d’elle-même, elle se sentait très bien tout en perdant son sang.
Heureusement, une transfusion a été opérée et après quelques heures tout danger est écarté. Il lui faudra pourtant plusieurs semaines avant que tout ne rentre dans l’ordre et qu'elle retrouve toute son énergie. Décidément, chaque accouchement connaît ses péripéties.
En fin 1969, j’obtiens pour mon boulot, le poste de chef de pause du département Roving, c'est-à-dire la responsabilité de quarante personnes. Chaque jour, suivant les produits à fabriquer, il faut définir les tâches de chacun et connaître les difficultés trouvées et résolues durant les pauses précédentes.
Le travail de la semaine en feux continus est réparti en 7 jours de nuit de 22 à 06 h, un jour de repos, 7 jours de 14 à 22 heures, un jour de repos et 7 jours de 6 à 14 heures, suivi de cinq jours de repos. Une des difficultés est la reprise de nuit après cette longue période de repos qui équivaut à 19 pauses ou journées de travail durant lesquelles bien des évènements et problèmes quelconques ont pu se produire. C'est la raison pour laquelle l'après-midi du mardi, avant la reprise de nuit, je me rends à l'usine pour mieux connaître le plan de travail et de reprise.
Après deux années à cette fonction, je suis muté au département du Mat; ceci va maintenant encore améliorer mes connaissances concernant les différents procédés de fabrication.
Mais un nouvel évènement se pointe à l’horizon. La naissance de notre quatrième enfant. Pour cette naissance, nous allons pouvoir disposer et bénéficier de plusieurs avantages en tant que famille nombreuse. Nous allons donc augmenter notre patrimoine en élevant un étage sur notre chaumière. Nous en profitons aussi pour placer le chauffage central dans l’habitation.
C’est le 21 octobre dans la matinée, qu’avec le docteur Becco et toujours notre accoucheuse de service en la personne de sœur Clara que nous attendons la naissance de notre dernier-né. La maternité a maintenant transféré ses pénates à la clinique Sainte Elisabeth. Le docteur Lejeune, notre gynécologue de service a pris sa pension et est remplacé par son fils tout nouveau dans la fonction. Nous sommes méfiants pour ce nouveau venu qui nous le pensons n'a pas encore d'expérience.
C’est donc le docteur Becco qui va effectuer l’accouchement. Il déclare ce matin-là que le bébé viendra à midi. Effectivement aux environs de midi naît notre petite fille Myriam. Notre joie d’avoir une fille est à son comble. Même sœur Clara s’empresse de clamer notre joie dans toute la maternité. Son parrain, Jean-Luc Thonnard de France; sa marraine, Bernadette Mayeres de Malmedy.
Vient ensuite la récession de 1973. S’en suit des périodes de chômage et de restructuration. Plusieurs personnes sont remerciées et trois chefs de pause sont avec leur accord changés de fonction. Ce sera mon cas. Avec plaisir, je quitte le travail de pause et la fabrication pour faire partie maintenant du personnel de jour dans le département Organisation Industrielle. Avant d'obtenir ce poste, une place me fut proposée au bureau du personnel.
Mais, quittant la production pour le département du personnel, je pense que se fermait pour moi, toute porte vers une éventuelle progression. Les départements de production étant ceux où la croissance de fabrication est la plus prometteuse. En effet, lorsque je suis entré à Fiberglas en 1966, on allumait vingt filières pour passer à quarante unités. A ce jour en 1974, nous tournons avec 140 filières avec une production journalière dépassant les 100 tonnes de produit fini. Le futur me donnera raison.
Par après, un double four sera construit avec 40 filières crachant chacune le double de production. Ma nouvelle fonction consiste à améliorer et mieux contrôler les différents départements du Roving et du Mat.
Je crée donc un programme informatique, qui à chaque pause donne à chaque individu le poucentage de production réalisé durant ses huit heures selon un dossier temps que j’ai aussi élaboré et qui est la moyenne de plus de 5000 contrôles. Dans ce dossier, tout est pris en ligne de compte: depuis le type de produit, les besoins personnels, un temps de repos, allumer une cigarette et la remise en ordre du poste de travail. Les peseurs emballeurs sont eux aussi placés sous contrôle.
Tout ceci va donc améliorer les résultats du département Roving. J’émets les spécifications d’achats des différentes palettes, des housses et plastiques d’emballage, ainsi que tous les cartons en y déterminant les mesures au mm, leur qualité d'épaisseur et de type de carton, ainsi que la spécificité de l'encre d'impression et un code de chaque type de carton.
Par la même occasion, je prends aussi en main la responsabilité de l'élaboration des emballages de ces deux départements soit le Roving et les Fils coupés; je crée des spécifications pour toute cette fabrication; il y en aura plus de 60: chacune d’elle possède sa marche à suivre et son dessin bien défini. Avec cette maîtrise, nous pénétrons dans le créneau pour être reconnu ISO 9002.
Je suis invité à la soirée de remerciement de la société qui a lieu aux Etangs de la Vieille Ferme à Bruyères lorsque nous avons été effectivement reconnus.
Les vendeurs Européens sont orientés vers moi pour les différents problèmes soulevés par les clients. Je suis heureux du chemin parcouru et de mes nouvelles responsabilités.
Ce poste me fera voyager dans tous les pays d’Europe Occidentale. Ma fonction me fera aussi participer aux réunions européennes de packaging, afin de réaliser la planification et l’unification des différents emballages; cette unification va nous permettre d'obtenir de bons prix d'achats.
L’Ardoise en France, Birkeland en Norvège, Falkenberg en Suède, Wrexham en Angleterre, Appeldoorn en Hollande et San Vicenté en Espagne utiliseront dorénavant les mêmes matériaux pour un même produit. Grâce à cette coordination, cela va simplifier les achats des différents matériaux.
Par la suite, je prends en charge, l'emballage du Mat; dossier, cartons, palettes sont désormais dans le même ordre d'idée. Les rouleaux de largeur de 2m,04 à 2m,76 étaient emballés en boites et dressés sur palettes d'où ils tombaient régulièrement lors des manipulations dans les entrepôts. Ils sont désormais emballés dans des gaines plastique et couchés sur palettes pourvues d'arceaux métalliques et pouvant supporter 12 rouleaux. Les réemballages abîmés sont désormais terminés ainsi que les arrimages délicats dans les camions de transport.
Visitant un jour, un client Autrichien à la frontière Yougoslave, qui aux dires du vendeur allemand de Fiberglas, se plaignait de l'emballage des rouleaux de mat. Et pourtant à mon arrivée dans cette usine, le premier contact avec le responsable des achats de cette entreprise me rendit perplexe: your packaging is perfect = votre emballage est parfait. Trois jours de voyage pour entendre cette constatation semble ne pas correspondre aux informations reçues.
Bien que d’aucuns pensaient que j’avais de la chance de voyager si souvent de la sorte, celui-ci fut très spécial.
J’arrive le samedi soir à Vienne. Après une visite de cette ville le dimanche, j'ai rendez-vous avec le vendeur local le lundi à 7 heures à l’aéroport; un long trajet nous attend; l’usine que nous visitons se situe près de la frontière Yougoslave et cette entreprise ferme chaque jour à 14 h. Elle emploie des ouvriers qui après leur journée ont une activité agricole.
A 13 h, nous avons droit à une tasse de café. A 14 heures, nous sortons de l’entreprise pour filer vers Klagenfurt, l’aéroport régional où l’avion doit me conduire vers Francfort. Là, je prends l’avion pour Bruxelles. Il est 20 heures et seulement dans cet avion, je reçois à manger, n’ayant plus rien reçu depuis l’hôtel à 7 heures du matin. Il faut savoir que lors de mes voyages, jamais je n'ai augmenté mes notes de frais si elles n'étaient pas indispensables.
Je visite aussi deux fois les USA; la première fois pour la transformation du mat de fils coupés en mat de fils continus. Durant une dizaine de jours nous serons six personnes à Huntington afin de bien connaître toutes les phases de cette nouvelle fabrication et d’emballage sous vide. Le dimanche de ce séjour, nous visiterons Washington et le musée aéronautique.
Chaque soir, un des membres du staff américain, nous accompagne pour la soirée. Un soir, un de ceux-ci nous emmena dans une maison où des jeunes filles en costume très léger dansaient sur un podium parmi les tables. De ma vie, c'est la seule escapade de ce genre.
Une deuxième fois c’est à Aiken, qu’il faut découvrir l’emballage de fils coupés en big bags. Ce système va s’implanter à Battice sur les trois lignes de production et nécessiter différents aménagements en fin de ligne. Il est important de connaître les difficultés inhérentes à ce type d’emballage. En finalité, notre système sera plus performant que celui des USA, qui viendront alors pour copier notre façon de faire.
Lors de ces différents aménagements de fin de ligne, je visite aussi à Manchester, une entreprise de nettoyage pour ce type d’emballage. Le directeur de cette usine, m’invite à midi au stade de "Manchester United".
Dans l’ordre de satisfaire aux nouveaux besoins de la firme ICI à Liverpool, celle-ci modifiant sa ligne de production, je me rends dans cette entreprise afin de bien cerner leurs nouveaux besoins concernant l'emballage de nos produits. Le vendeur anglais étant malade, c'est avec son remplaçant que nous sommes reçus. Nous assistons à la présentation de cette nouvelle ligne de fabrication; je me demande alors où j’atterris et le pourquoi de toutes ces explications. Au sortir de ce meeting, le vendeur m’avoue que certainement aucun de nous deux n'étions attendus à ce meeting.
Je consulte ensuite le cahier des charges pour mieux connaître leurs désirs et besoins, ce qui est le vrai pourquoi de ma visite. Je ne sais pas ce qui a pu se passer et je rentre alors à Battice où l’on est déjà au courant de la mauvaise interprétation de cette visite. Les Anglais se croyaient devant le responsable Européen des Finances.
A Battice et à Bruxelles on a bien ri de cette bévue. C’est la raison pour laquelle, Bernard, mon directeur a dessiné sur le cadre qu'il ma remis lors de ma prépension, l‘anecdote suivante: ICI we will always remember: Soit : ICI toujours nous nous souviendrons.
Une autre visite à Falkenberg en Suède, mais moins heureuse celle-ci parce qu’il s’agit de rapatrier vers Battice, leur fabrication de fils structuré et bouclé. Les contacts sont corrects, mais notre venue n’est pas accueillie avec un large sourire. Quelques années plus tard, nous apprendrons que cette usine sera fermée et revendue au plus offrant.
Avec le Technical Support, nous mettons au point un nouveau système d’épissure. Il s'agit de réunir deux fils au moyen d'air comprimé. Mis au point, je vais aller en Angleterre à Wrexham pour implanter celui-ci dans les mêmes conditions que Battice. Le directeur Anglais vient à Battice un vendredi matin et voudrait que je parte avec lui dès quatorze heures. Le dimanche après-midi, il me fait visiter Chester et m'offre un cadeau en remerciement pour sa demande rapide de mes services.
J’hérite maintenant de la responsabilité de tous les emballages de l’usine: il me manquait le département Textile. C’est maintenant chose faite.
Toutes les créations et spécifications d’achats des différents cartons d’emballage sont aussi à ma charge. Ma progression en dessin informatique m’aide à émettre, corriger ou modifier ces spécifications.
En décembre 1991, pour le 25e anniversaire de mon entrée à Fiberglas, je reçois la médaille d’or de l’ordre de la Couronne ainsi que la médaille du travail.
Par une réorganisation totale des départements, je quitte le département Organisation Industrielle et suis rattaché désormais au TSO: Technical Support Organisation. Le chef de ce département n'apprécie pas trop mon arrivée dans son staff; son service est plus versé dans la partie précise de l'élaboration, l'amélioration et le contrôle des produits et pense être dégradé suite à mon entrée dans ses services.
L'avantage pour moi est qu'il n'apportera aucun intérêt à mes occupations. Mis à part le côté administratif, jamais il ne se souciera de moi. Cela ne m'a jamais gêné. Mais ce n'était pas gai.
Avec les Ets Wouters d’Anvers, je rationalise les importations, exportations et réemballages des produits importés des USA. Je crée pour eux un programme détaillé reprenant les codes des cartons et palettes pour la commande à Battice des différents matériaux. Cette mise au point me conduira plusieurs fois chez eux et permettra ainsi aux camions de cette firme, de retourner à Anvers avec les matériaux nécessaires commandés par avance.
Je me souviens de ce patron qui adorait les petits verres. Une fois d’ailleurs, j’en reçu plus que mon compte. Au retour d’Anvers, j’ai du m’arrêter sur un parking où j'ai dormi quelques heures avant de rentrer à la maison. Je n'étais pas fier mais mon épouse non plus?.
Pour clore le chapitre Fiberglas, l'âge aidant, la jeunesse nous poussant, ainsi que l'organisation encore plus méthodique, je suis mis en prépension en décembre 93. Grâce à Bernard, il me confère un nouveau job pour une année supplémentaire et je vais alors m'occuper et mettre sous contrôle ISO le département de fils structurés. Je garde aussi le contrôle des importations venant des USA. Et cerise sur le gâteau, mon salaire est en plus bien augmenté.
Maintenant c'est fini, je suis définitivement placé en prépension en décembre 94 à l'âge de 61 ans. Une soirée d'adieu est organisée au " Charmes Chambertain " à Clermont où je suis entouré de mes chefs et collaborateurs avec qui j'ai travaillé durant ces 28 années..
Un des côtés comique de cette soirée fut pour eux de me rappeler les diverses interventions et péripéties durant ma carrière. Monique Tossen et Marie-Christine Jacquemin se chargèrent de convoquer ceux qui avaient œuvré avec moi. L'occasion fut donnée à Jean Greusen de couper ma cravate comme aux premiers temps de mon arrivée à Battice.. A cette époque, dessous ma salopette, je portais chemise et cravate, ce qui était rare dans le tunnel du forming; alors un CFA adjoint du contremaître me lança un "chiche", auquel je lui répondis "chiche": et alors avec une paire de ciseaux qu'il tenait derrière lui, il coupa ma cravate puis fut lui même malheureux de son geste.
Il faut aussi savoir qu'avant cette soirée d'adieu, il avait été conseillé à Edith de ne pas me mettre une trop bonne cravate. Je trouvais d'ailleurs son choix inexplicable mais soit. A ce moment, je ne connaissais pas la suite.
A cette occasion, je reçus un cadre reprenant certains côtés cocasses de mes activités. J'ai aussi reçu une imprimante de l'usine et un débroussailleur de jardin de la part du service TSO qui était le lieu de mes précédentes activités.
Personnellement, je reçois de Bernard et Marie-Christine, un documentaire sur l'Antiquité.
Une soirée surprise fut aussi organisée par Edith et mes enfants, un samedi soir chez Didier. Soirée où furent invités quelques-uns de la famille, des amis ainsi que des collaborateurs plus intimes du milieu de Fiberglas. A cette occasion, j'ai reçu le fauteuil du directeur, celui que j'ai utilisé durant la dernière année afin de mettre les dernières mises au point du dossier ISO 9002. Bernard et Marie-Christine m'ont aussi rendu une nouvelle cravate, peu fier probablement d'avoir incité d'autres à me la couper.
A l’occasion de ma prépension, j’ai reçu une quinzaine d’E-Mail de la part de ceux qui, employés aux diverses usines Fiberglas, soit de Bruxelles ou des bureaux de vente Européens, qui me souhaitaient pleins de bonnes choses dans ma nouvelle vie. Je les avais gardé en souvenir. Dans les rangements méthodiques de la maison, ils sont passés à la trappe. C'est dommage.
Ceci termine le récit de mes années vécues à Fiberglas. De toutes ces années passées en cette usine, je garde un excellent souvenir. Elles m'ont permis de découvrir par ma ténacité, diverses activités très enrichissantes et aussi de voyager comme jamais je n'aurais fait si j'étais resté dans mon petit atelier de boulanger..
Un petit retour en arrière maintenant. Nous sommes en 1983. Pour nos 25 ans de mariage, nous allons avec les enfants nous rendre à midi au "Relais des Waines" et nous fêtons en famille notre jubilé. Nous recevons pour l'occasion de la part de Didier: deux verres surdimensionnés: un pour le vin et l'autre pour la bière.
Mais la journée n'est pas terminée, car le soir, c'est avec toute la famille, parents, frères et sœurs, que nous avons rendez-vous au "Vieux Sultan" à Amblève. Je ne sais pourquoi, mais j'ai l'impression qu'une surprise nous attend. Alors pour ajouter à la surprise, je propose à mon épouse de revêtir une longue robe, et moi, j'enfile une redingote et mon chapeau buse; et nous voilà partis.
Arrivés sur place et nous sommes les premiers, nous allons découvrir que chaque invité a revêtu un costume de circonstance. La plupart sont déguisés en boulangers, d'autres en maraîchers avec un panier de persil en relation avec notre jardin; d'autres avec un panier d'œufs consécutif à nos poules et certains en costume de carnaval dont nous aimons y participer; et cerise sur le gâteau, un seul: Pierre Gauthy en salopette Fiberglas; est-ce le moment de parler travail. La soirée est des plus merveilleuse. Chacun y apporte sa touche de fantaisie.
C'est aussi à Ernest, Phina, Yvonne et Maria que reviennent l'honneur de chanter la pasquaye (du wallon: refrains comiques) de circonstance à l'ombre d'une ombrelle d'où à chaque baleine pendait soit un ustensile de cuisine ou un vêtement féminin. Dans la famille d'Edith, chaque évènement spécial est accompagné par ces gais refrains. Et moi, à toutes les occasions, je n'ai pas manqué d'en composer pour le plus grand bonheur de tous. Chacun aussi y alla de sa chansonnette et même ma maman se prit aussi à chanter son petit morceau.
A l'occasion de ma prépension, nous avons fait un voyage en Thaïlande. Le dépaysement est aussi total. La compagnie de Georges Brisbois et de son épouse Cathy m'est cachée jusqu'au départ qui a lieu à Liège au boulevard d'Avroy. Départ en minicar vers Zaventem puis en avion pour Francfort et de là vers la Thaïlande.
Dès notre descente d'avion à Bangkok, nous sommes pris en charge par un chauffeur avec minibus et une guide thaïlandaise qui nous accompagnera jusqu'à la fin de notre périple.
Première escale à la capitale où nous visitons la ville et les nombreux temples dédiés à Bouddha soit l'Illuminé qui prêcha la doctrine bouddhiste durant 35 ans (vers 525 av J.-C.) Dans chaque temple est vénéré un bouddha différent: entre autre le bouddha d'or et le bouddha couché. (rien que sa statue fait bien quarante mètres de longueur. )
Nous visitons aussi le marché flottant: les agriculteurs des environs de la ville viennent en barque sur le fleuve Chao-Phraya et les canaux de la ville pour proposer leurs différents légumes et marchandises. Pour cette visite, nous circulons sur une jonque. (barque très typique)
Après quelques jours nous partons en minibus. Celui-ci nous accompagnera jusqu'au nord du pays. Nous faisons halte le premier jour à Phithanulok dans un hôtel ouvert depuis à peine un mois. Dans cet hôtel, pour le repas du soir, nous commandons une bonne bouteille de vin; le serveur la manipulant comme une vulgaire bouteille d'eau, c'est Georges qui lui ôte des mains et lui montre par gestes, comment servir une bouteille de ce précieux nectar.
Le lendemain départ vers le nord en direction de Sukhothai une des plus anciennes villes religieuse avec des temples que nous visitons aussi, mais ils sont parfois à la limite de la vétusté.
Le lendemain nous partons pour Chiangmai. Durant ce trajet, nous demandons à notre guide de pouvoir découvrir la vie réelle des habitants de la campagne plutôt que les temples dont nous sommes pour l'instant rassasiés.
Nous quittons donc l'axe principal et entrons dans la Thaïlande profonde pour découvrir l'habitat du parfait autochtone. Maisons de bois complètement supportées par des troncs d'arbre et ouvertes aux quatre vents. Au sol vivent les quelques bêtes du proprio: poulets, chèvres, canards et moutons. Par un escalier de bois, mais c'est plutôt une échelle inclinée avec cependant une rampe, que nous accédons à l'étage, l'habitation proprement dite. Murs et sols sont des rondins de bois. Avec plusieurs fentes dans le sol permettant le balayage vers le plancher des animaux.
Le soir à l'hôtel, souper aux chandelles au bord d'un lac avec spectacle "son et lumière" et danses folkloriques. Chiangmai est une ville plus importante et touristique.
Le jour suivant, nous découvrons Chiangrai près de la frontière du Laos. Nous sommes installés à l'hôtel "The duck" où un énorme canard est dressé sur la pelouse d'entrée du bâtiment. Dans les différentes villes où nous nous arrêtons, nous visitons aussi les marchés nocturnes très en vogue dans ce pays.
A Chiangrai nous séjournons plusieurs jours. Sur une jonque, par le fleuve Mékong nous abordons le Triangle d'or: pourquoi ? Parce qu'il est à la jonction de trois frontière: du Laos, de la Thailande et de la Birmanie. Ce dernier pays est d'ailleurs malsain et la guide nous confie qu'il n'est pas bon se promener trop près de ce territoire.
Là, nous visitons la tribu des Karens : peuple très reculé et pauvre. Les femmes portent des anneaux autour du cou afin d'allonger celui-ci: dès qu'elles ont un peu de place dans la hauteur de celui-ci, elles ne manquent pas de rajouter un nouvel anneau.
Si elles voient que nous les prenons en photo, elles tendent la main pour obtenir des bahts.(monnaie thaïlandaise). La guide, nous avait proposé d'acheter du matériel scolaire. Nous l'avons donc fait et remis au responsable de ce que eux appellent l'école. Ce petit bâtiment leur sert aussi de temple.
Pour terminer ce périple, nous prenons l'avion qui nous ramène à Bangkok. Durant deux jours, nous découvrons "Bangkok by night", son marché, ainsi que l'armada de bateaux de la famille royale.
Ayant fait connaissance avec un ophtalmologue qui depuis Liège nous accompagnait et ayant avec nous une ordonnance pour lunettes obtenue ici à Verviers, nous allons acheter monture et verres dans ce pays où le prix est quasi diminué de moitié. Le dernier soir, nous dînons dans un restaurant situé au sommet d'une tour d'où nous découvrons tout le panorama de cette ville.
Retour ensuite vers Francfort puis Bruxelles et Liège.
Ce fut un voyage magnifique avec pleins de souvenirs..
Faisons maintenant un peti retour en arrière pour découvrir les différentes vacances que nous avons vécu en famille.
Nous sommes en 1970 et nous allons passer nos vacances à Reisdorf, c'est un petit patelin du Grand-Duché situé au sud de Diekirch. Avec Maman de Bellevaux, nous ferons aussi la connaissance des époux Reip et de leurs enfants qui eux habitent Welkenraedt. Nous reverrons l'hôtel en novembre 2011 lors de notre périple en Moselle avec Véro et Didier.
L'année 1971 c'est à Houlgate dans le Calvados et la Manche que nous réservons et ce toujours avec grand-maman de Bellevaux. Le voyage est déjà long et Maman attend notre quatrième enfant. Le premier repas du soir à l'hôtel n'est pas très bon et de plus un chien policier avec une plaie au dos se promène dans la salle du restaurant; ce qui fait dire à Maman qui n'est déjà pas trop bien suite à son état: "Je ne reste pas ici, pour moi j'ai envie de retourner.
Faire un voyage aussi long et reprendre ses valises ne m'enchante guère. Je vais donc dans le coin à la recherche d'un autre établissement. Avec l'expérience du dernier, je pense élever la situation d'un cran et j'atterris à l'hôtel des Peupliers. Sans regret, nous déménageons nos pénates, payons uniquement le jour presté fort heureusement et aménageons dans ce nouvel hôtel. La différence est totale. Nous sommes en bord de plage et du point de vue nourriture, nous sommes dans un 5 étoiles. De toutes les vacances qui suivront jamais nous ne mangerons comme dans ce restaurant.
Vient ensuite Disentis dans le Valais près de Sion, une station de la Mutualité. Le voyage pour ces vacances de 1974, se fait au départ de Bruxelles en train couchette et la famille Mayeres nous accompagne. C'est par une crémaillère au départ de Sion que nous arrivons à Disentis. Le coin en montagne est merveilleux. Nous effectuons des promenades en montagne avec les deux grands. Les deux plus jeunes sont pris en charge à l'hôtel par des monitrices qui les amusent jusqu'au repas du soir. Un après-midi, nous sommes grimpés dans la montagne et découvrons un berger qui y vivait durant l'été en gardant un troupeau. Nous l'avons pris en photo et durant celle-ci, alors que Phina lui donnait un bisou, il minauda "Doucement".
C'est aussi au cours des soirées du soir que Daniel et Monique jouent du piano et notamment "Le Moulin de la Foret Noire" avec à l'époque certaines notes hors partition, mais il faut aussi savoir qu'ils jouaient sans partition.. Daniel a dix ans et apprend depuis peu le piano.
Un jeune prêtre lui aussi en vacances l'appellera d'ailleurs un futur "Mozart". Le jour du retour, le temps se gâte et des flocons tombent sur notre hôtel, nous sommes en fin du mois d'août.
En 1976, c'est dans une autre station de vacances, et toujours avec la mutualité que nous allons aller. Cette fois-ci c'est en voiture avec les Malmédiens et leurs neveux: Benoît et Marie-José. Destination St Nectaire en Auvergne dans le Puy-de-Dome. Nous avons pour l'occasion, un canot gonflable et allons régulièrement les après-midi au lac "Chambon"
En 1980: Embres et Castelmaures, près de Perpignan sera notre destination. Sur le train, en gare de Bressoux, nous plaçons la Fiat 125 S, elle est de couleur beige et remplace la 124 de couleur rouge avec le toit noir en simili skai. Arrivés à Avignon, c'est en voiture que nous atteindrons notre but. Petit village au milieu des vignes, notre gîte est tenu par un viticulteur, qui habite derrière notre appart. A la mairie, les commerçants du coin, venus sur la placette, annoncent par diffuseurs, leur arrivée. Les villageois peuvent ainsi faire leurs achats: et nous aussi par la même occasion.
Nous sommes le 14 Juillet, jour de la Fête Nationale Française. Nous sommes le soir invités par notre hôte, qui est aussi le maire du patelin, à un méchoui géant. Dès le matin, le personnel du vigneron prépare le feu et doucement, la belle bête va commencer à cuire. Ce soir-là Didier et Daniel sont légèrement éméchés sans que nous ne nous en rendions compte.
Nous visitons un jour Rivesaltes où nous apprécierons ce vin très doux. Ce vin est placé dans des touries, sur le toit des maison. C’est là qu’il va mûrir et prendre toute sa saveur. La veille de notre départ, Didier ayant réussi son permis de conduire, mais il ne le possède pas encore. C’est pourtant lui qui va conduire la voiture dont le pot d’échappement vient de se trouer. Nous reprenons le train avec la voiture à Narbonne vers Bressoux et rentrons au Thier de Hodimont dans une pétarade infernale.
A Torrémolinos près de Malaga, dans le sud de l’Espagne nous passerons nos vacances au début de l'année 1984. Départ un dimanche matin aux aurores et sous la neige vers l'aéroport de Luxembourg où l’on nous signale par haut-parleur que l’aéroport est toujours fermé et que nous devons patienter. Par la compagnie Luxair nous volons vers Malaga et là, un car nous amène à notre groupe d’hôtel. Ce sont trois bâtiments d’une quinzaine d’étages.
Nous louerons un jour, une voiture afin de visiter les villages environnants. Un jour, Daniel a joué dans une salle de jeux et remporté le jackpot. Un des visiteurs, lui a dit que à cette occasion, il était possible de gagner deux fois. Ce qu’il fit et effectivement, il gagna une deuxième fois. Mais nous, franchement, n’étions pas rassurés. Au total, de toute manière, les gains ont été rejoué et quasi perdu.
Un jour, en remontant par l'ascenseur dans nos chambres, ce dernier est tombé en panne et durant près de cinq minutes, sans pouvoir contrôler quoique que se soit, nous sommes montés et descendus plusieurs fois de haut en bas. Je ne vous dis pas la peur qui régnait dans cet appareil devenu fou.
Pour le retour, la famille reprenait l’avion, et moi le train à destination de l’usine de l’Ardoise en France où je devais passer pour mon boulot avant mon retour en Belgique. La traversée du sud au nord de l’Espagne, j’ai dû par manque de liquidité l’effectuer en deuxième classe. C’était infernal. Dans le compartiment où je me trouvais, deux personnes n’ont eu aucune gêne pour se déchausser et embaumer cet espace. L’écartement des rails en Espagne est plus étroit et ce voyage de 24 heures fut horrible pour moi.
Heureusement, dès l’arrivée en France, la situation s’est légèrement améliorée. Mais je suis arrivé à mon hôtel d’Orange vers 22 heures. Je n’avais plus un rond et j’ai fait le dernier trajet à pied. La fin de mes vacances à donc tourné légèrement à la catastrophe.
En juin 1986, je fais un infarctus, qui m’immobilise durant dix neuf jours à l’hosto. C’est durant ce séjour, que j’ai eu la confirmation que Véro et Didier avaient l’intention de se voir très régulièrement. Ce dont, j’étais fort aise. S’ensuit trois mois de repos, avant de reprendre le boulot. Lors de mon retour au bureau, mon directeur, Albert Goffin, m’a salué pour mon retour aussi rapide et m’a dit qu’à la moindre fatigue, je ne devais pas être gêné de reprendre quelques jours de repos.
A bord de notre première Audi 80 qui remplace aujourd'hui la Peugeot 305, nous sommes descendus dans le Vaucluse à Vacqueyras en 1987. Les parents de Véronique ont loué un appartement non loin de notre lieu pour permettre aux jeunes tourtereaux de passer d’agréables vacances aussi. Avec les deux familles, nous sommes un jour descendus à Monaco.
Edith y a fait un bref séjour au casino pour y dépenser uniquement quelques sous. A Violès, lors de la fête du vin, nous avons assisté à une messe en provençal. Nous visitons ensuite quelques caves.
En début 1988, Didier trouve une place en tant que professeur à l'université de Bujumbura. Sur mon conseil, il se mariera civilement avant de partir; il aurait peut-être eu des difficultés s'il ne l'avait pas fait. Il reviendra pour se marier à l'église avec Véro à la fin du mois de juin et retournera avec elle, le lundi suivant leur mariage.
Ce mariage religieux a lieu en l'église de Dison, où pas mal de monde, des scouts et anciens, et beaucoup d'amis vont y assister. Elle est animée par la chorale qui est dirigée pour la circonstance par Fernand Grifnée. Par la suite l'apéro pour tous à lieu au Golden Horse à Fourons; il est suivi par le repas digne de ce restaurant. Au cours de celui-ci le parrain du marié Ernest de Malmédy se lance dans un éventail chanté des circonstances qui ont jalonné nos jeunes amoureux. A la guitare jouait Marie-Thérèse de Bellevaux.
Le soir, suit le bal animé par un orchestre waimerais qui met l'ambiance qui était déjà au plus haut niveau. Une cassette est émise pour l'occasion. Par la suite, Manon leur fille la regardera jusqu'à usure. Il en restera néanmoins quelque chose qui sera gravé alors sur un CD.
Didier invitera Dominique une semaine en Afrique pour le remercier d'accepter de faire son service militaire à sa place. Par la suite ce service est supprimé; seule une armée de métier est désormais mise en place.
Dès le lundi matin, les jeunes mariés s'envoleront vers le Burundi où les élèves de l'université attendent de Didier les commentaires de leurs résultats d'examens.
Nous irons avec Maman et Daniel en février 1990, passer une dizaine de jours pour voir leur demeure et découvrir le Burundi que nous visiterons du Nord au Sud. Didier, nous avait demandé de prendre avec nous, un pneu pour sa moto. A la sortie de l'aéroport de Bujumbura, les douaniers de service ne sont pas satisfait de mes explications; et ce qu'ils espèrent surtout, mais cela je n'y ai même jamais pensé: ils voudraient obtenir des batchis (orthographe douteuse); mais en français un pourboire.
Les pourparlers ont duré plus ou moins dix minutes après lesquels il m’ont laissé passer avec mon pneu. Franchement, je pensais que c'était le pneu qu'ils voulaient me confisquer; pour bien sûr s'en accaparer. Je ne connaissais pas encore les idées parfois sournoises des Africains.
Jean, l'homme de maison, descend tous les jours de son village situé sur la colline pour réaliser les tâches ménagères et les repas qui lui incombent. En permanence, la présence d'un autochtone est obligatoire. Jean est remplacé durant la nuit par un zamou dormant à l'extérieur afin de garder la maison et ouvrir la grille du jardin lorsque Didier et Véro rentrent le soir.
De par la proximité de l'équateur, le soleil se lève toute l'année à six heures et se couche à dix-huit heures. Dans un jardin proche, plusieurs grues y vivent et chaque matin, nous sommes réveillés par leurs cris. Véro est occupée dans une des écoles privée de la ville. Si mes souvenirs sont bien exacts elle a pour nom “Au point du jour “.
Le premier jour de notre arrivée, Didier nous a emmené en voiture dans la plaine aux voleurs où soi-disant il n’était pas question de s’arrêter. Les ornières de la piste sont très profondes et le risque de s’embourber est réel. Ce gamin avait un certain plaisir de nous faire légèrement peur. Nous lui conseillons donc de rentrer sagement à la maison.
Le premier soir, Véro et Didier nous invitent dans un restaurant typiquement burundais mais tenu par un Belge. A la lueur des bougies, nous avons dégusté en petites proportions, beaucoup de plats mijotés suivant les recettes locales. Le lendemain matin, je me suis risqué à l’extérieur pour faire un bout de chemin. Après cinq cents mètres, j’ai fait demi tour, n’étant pas rassuré à 100 % .
Lors de nos escapades, nous avons un jour soir, pris un repas sous une paillote. Pour nous égayer, un musicien s’accompagnant d’un accordéon, nous chanta un psaume en latin défraîchi. Cet air était à l’époque chanté lors des messes de funérailles. Il avait probablement été dans une école tenue par des missionnaires, mais sa mémoire était complètement perturbée.
Une autre anecdote dans ce pays où rien n'est semblable à nos coutumes européennes: Lorsqu’un camion tombe en panne dans la campagne, sans un gardien pour le surveiller, deux jours suffisent pour que toutes les pièces faciles à prendre soient enlevées et disparaissent dans la brousse. Un voleur pris en fragrant délit est jeté en prison. Sa famille doit alors intervenir pour subvenir à sa nourriture.
Sur une route en campagne, un pont construit par les Chinois, s’est effondré, pas de soucis pour autant, le trafic descend dans le lit de la rivière et remonte sur l’autre berge.
Nous avons rencontré au bord d’une piste, une pierre situant l’endroit où deux colons Stanley et Livingstone se sont rencontrés.
Un soir, où Didier rentrait plus tard, le zamou a laissé entrer un noir qui soi-disant était ami de Véro. L'individu était éméché et nous, n'étions pas trop rassurés. Lorsque Didier revint, il eut tôt fait de le foutre dehors et passer un savon au zamou qui l'avait laissé entrer.
Lors de nos différentes randonnées à travers le pays, sur des pistes traversant des forêts, il arrive que plusieurs autochtones sortent du bois pour nous regarder passer. Sur le bord de la route, certains vendent le produit de leur jardin; Plusieurs fois aussi, nous avons vu un animal égorgé et tué, vraisemblablement une chèvre ou un mouton, pendu au bout d'une corde devant l'entrée de la hutte et prêt à être débité pour le client de passage.
Comme nous ne nous arrêtions pas, nous pouvons seulement deviner le nombre d'insectes tournant autour de cette viande exposée en plein air.
Nous visitons au sud les chutes de la Karera et nous logeons dans un bâtiment de l'Université. La nuit, Edith et Daniel ne sont pas sécurisés parce qu'un autochtone en est le gardien et il a les clés de l'immeuble; ils ont peur car à 20 heures, le courant est coupé. Ils s'appellent durant la nuit dès qu'ils entendent le moindre bruit. Il faut aussi savoir que des petits lézards circulent sur les murs de notre chambre à coucher.
Lors d’une autre randonnée, c’est vers le nord que nous partons, mais cette fois avec une plus grosse voiture, un quatre-quatre. Nous visitons le Champs des oiseaux et logeons dans un couvent ayant des chambres d’hôtes. A cet endroit, nous pouvons faire un tour en pirogue sur le lac. Nous n’avons pas eu le courage de le faire.
Un soir, près du lac à Bujumbura, nous sommes allés voir les hippopotames qui sortent du lac à la tombée de la nuit pour entrer dans les bois et se nourrir de végétaux.. Il est important d’ être très calme pour ne pas les effrayer, auquel cas, ils seraient capables de charger et nous réduire en pièces.
Les paysages sont tout différents de notre Europe et nous sommes complètement dépaysés. Ce fut un voyage magnifique dont nous garderons un merveilleux souvenir
En 1991 naît notre premier petit enfant: Manon: elle sera la joie de toute la famille malgré son handicap que nous apprenons quelques jours après sa naissance. Ses difficultés d'existence seront pourtant moindres que celles que nous envisagions à cette époque. Myriam trouve les futurs noms que nous diront nos petits-enfants: Daddy et Maminou.
Cette année 1991, nous passons nos vacances à Mansencôme, petit village dans le Gers près de la ville de Condom. En arrivant dans la demeure, Daniel qui nous avait précédé de quelques heures, nous prévient que l'habitat n'est pas terrible et qu'il nous faut entrer par la grange. C'était un leurre, il voulait nous impressionner. Le gîte est nouveau, l'entrée est tout à fait bien et nous sommes les premiers à le louer.
Avec tous les enfants et Manon nous découvrons la propriété pourvue d'un étang où nager est possible. Au pays du foie gras, nous découvrons aussi dans une ferme château la liqueur du coin : l'armagnac. Nos hôtes nous font aussi découvrir leur fabrication de cidre mousseux qu'ils ajoutent à un alcool léger du nom de "Pousserapierre". Nous en achèterons plusieurs fois et finirons par ne plus en trouver. C'est en 2012 que Daniel à l'occasion de Pâques en retrouvera à Liège.
Pour la deuxième fois, nous sommes grands-parents: nous sommes en 1992 et notre petite Julie vient au monde; c'est merveilleux. L'année suivante à la Toussaint, Véro et Didier sont à Bellevaux comme d'habitude chaque année pour assister à l'office en mémoire de nos défunts. Sans nous prévenir, ils retournent précipitamment et pourquoi ?: devinez.... Simon vient se joindre à ses deux sœurs.
En 1994, naît notre deuxième petit garçon. Mathieu rejoint le clan de la Neuville pour le plus grand bonheur de Véro toute heureuse de son quatrième enfant et qui, pour la petite histoire déclare être satisfaite avec son dernier rejeton.
C'est en 1997 que nous louons à Vielmanay dans la Nièvre et près de la ville de la Charité sur Loire, un ancien château réaménagé. C'est merveilleux car toute la famille toujours plus grande y participe. Nous avons aussi Renée qui fait partie de nos escapades. C'est au cours de ce séjour que Christian et Myriam nous annoncent l'arrivée future de leur premier enfant. Que du bonheur nous avons au long de notre vie.
Un soir, dans le parc du château, alors que Maminou a acheté des fusées pour faire la fête des enfants, les papas ont organisé le feu d'artifice. Soudain une fusée ne répond pas à l'allumage et l'on entend la petite voix de Manon qui s'exclame en disant : "raté".
En 1998, nous sommes heureux d'être à nouveau des grands-parents comblés. Christian et Myriam qui habitent à cette époque à Nessonvaux, sont dans la joie de nous annoncer la naissance de leur première petite fille: Delphine naît à Verviers en cette fin de mois de février.
Nous sommes maintenant passés au siècle suivant; l'an 2000 s'annonce sous des auspices parfois décriés par des signes de malheurs. Il n'en sera strictement rien et la meilleure nouvelle est l'arrivée ce premier Mars d'un petit bout d'homme sur les bords de Vesdre à Nessonvaux.; Thomas Stassen entre dans notre arbre généalogique qui s'étoffe de mieux en mieux.
Depuis un certain temps les deux nouveaux époux sont à la recherche d'une maison dans les environs de Verviers. Le jour de la sortie de la maternité de Myriam, nous sommes tous invités à visiter une maison qui leur a été proposée quelques jours plus tôt. C'est donc avant de rejoindre leurs pénates qu'ils visitent avenue des Villas au n°4. Plusieurs candidats se sont déjà manifestés et la décision est à prendre rapidement.
Suite à la naissance du nouveau bébé, le vendeur fait un geste et cadeau, ce qui améliore l'envie des nouveaux et futurs propriétaires. Le marché est conclu et nous voilà déjà Papy et Mamy, Maminou et Daddy investis d'une mise en état de la nouvelle propriété. Ce qui nous réjouit bien sûr.
L'an 2000 nous renouvelons nos vacances au château de Vielmanay. Renée est aussi avec nous et Didier et Véro ont pris une jeune fille Shirlay pour aider Véro dans les divers travaux d'une maman de quatre enfants.
2002, c'est le début de l'été, le mois de Juin, mois de la naissance des meilleurs ? ... Daddy et Daniel. Et pour suivre la lignée, voici notre petit Louis qui fait son apparition dans la famille Stassen pour la grande joie de ses parents et de Delphine et Thomas.
En 2003, Myriam et Christian nous invitent à partager avec eux leurs vacances. Nous irons donc avec eux en baie de Somme. Nous passons des vacances magnifiques. Je me rappelle que dans la prairie voisine de notre résidence, il y avait un cheval en liberté.
Notre petite Delphine aurait voulu aller le caresser; malheureusement aucun de nous n'était capable de franchir la clotûre pour satisfaire ses besoins amitieux pour les chevaux. D'ailleurs, par la suite, elle aimera se rendre dans les ranchs et monter ses bêtes qu'elle adore.
Par la suite elle perdra son désir de faire du cheval et trouvera d'autres désirs pour satisfaire ses envies.
En 2004, c'est à Castelnaudary que nos vacances familiales vont se dérouler.
Mis à part Dominique, c'est toute la famille qui se retrouve avec aussi le plus jeune Louis qui a deux ans maintenant. L'environnement est assez bruyant car nous sommes près d'une caserne de légionnaires ainsi que de la ligne de chemin de fer. Nous disposons d'une belle piscine et ne sommes pas loin du canal du Midi.
En 2005, nous partons avec Didier et Véronique pour quelques jours dans un endroit tenu secret par Didier. Le patelin se nomme Beuvron. Nous sommes près de Caen. Didier savait me faire plaisir et nous visitons en deux jours, le mémorial de Caen qui retrace de façon très pointue la seconde guerre mondiale. Nous sommes aussi près des plages du débarquement des alliés en Juin 1944. Nous en profitons aussi pour les découvrir.
Un petit retour en arrière pour découvrir une autre facette de ma vie.
Lorsque en 1977, Henri Thimister se marie et quitte la direction de la Chorale des Jeunes, c’est avec plaisir, mais peut-être aussi sans trop connaître la charge de travail que cela implique, que je prends la direction de celle-ci.
Je suis aidé énormément au niveau musical par Didier et Daniel. Après avoir pour moi, bien intégré le répertoire déjà connu des choristes, j’entreprends et augmente celui-ci par des nouveaux programmes. Je suis après quelques semaines bien plus à l’aise qu’au début. Je me souviens que mes jambes tremblaient lors de la première exécution de la messe du samedi soir.
Nous sommes une trentaine de jeunes et une dizaine d‘adultes. Les répétitions ont lieu tous les mercredis à 19 heures 30 à l‘église.
Nous animons, tous les troisièmes samedis du mois, la messe de 18 h.30 à Dison. Toutes les fêtes religieuses de la paroisse sont aussi rehaussées par la chorale. A chaque fois, nous répétons des chants propres à la fête célébrée.
C’est ainsi qu’à Noël, nous concevons un répertoire plus vaste avec des anciens et des nouveaux Noël. A cette occasion, nous animons aussi la messe de Noël de la maison de retraite. Dans le cadre des fêtes de fin d’année, la commune organise un concert de midi au centre culturel de Dison: nous y participons aussi avec plaisir.
Nous profitons aussi de notre programme bien étoffé pour chanter durant cette période une messe de Noël dans une autre église. Adultes et certains parents de choristes suivent nos activités extra paroissiale. Nous pouvons donc nous permettre certains déplacements qui sont toujours bien appréciés par la troupe.
Avec le comité de gestion, nous devons participer tous les deux ou trois mois à une réunion provinciale supervisée par la communauté Wallonne. Cette attache et nos différentes activités, nous permettent de toucher un subside de +/- 150 euros par année. Certaines messes de mariage, nous permettent aussi de renflouer notre tirelire.
Chaque année, nous animons aussi la messe de la célébration de l’Armistice ainsi que celle du 8 mai, jour de la capitulation de l’Allemagne en mai 1945. Les autorités communales et patriotiques se retrouvent dans une salle après le cortège qui se rend au monument aux morts de la place Roggeman. Une année, je reçus la médaille de reconnaissance de la FNAPG. (Fédération Nationale des Anciens Prisonniers de Guerre.) en remerciement pour avoir animé avec la chorale ces diverses cérémonies.
En 1984, à l’occasion du 10e anniversaire de notre chorale, nous avons organisé un dimanche soir, un concert en notre église. Concert où nous avions intégré dans la deuxième partie du programme: des chants profanes. Ce fut un succès bien suivi par la communauté paroissiale.
En 1986, à l’occasion de la remise en peinture de notre église, nous avons également donné un concert pour lequel nous avons aussi invité l’Administration Communale. Ce concert fut mené à bien par Didier: j' étais à ce moment en revalidation suite à mon infarctus contracté au mois de juin.
Une année, nous avons organisé un voyage plus important en car vers le Grand-Duché de Luxembourg. Après une messe chantée à Diekirch, nous effectuons une balade dans la Petite Suisse, une région magnifique. Nous rejoignons ensuite Echternach où nous attend un petit souper avant le retour vers Dison.
En 1995, a lieu le mariage de notre fille Myriam avec Christian Stassen. C’est dans une voiture ancêtre que les déplacements vont s’effectuer. Après le mariage civil à l’hôtel de ville de Dison, nous arrivons à l’église St Fiacre et là, je me souviens fort bien que le moment était venu où sans remords aucun, mais avec un petit pincement au cœur, je perdais un tant soit peu mon unique fille. Alors, la conduisant vers l’autel, et arrivé aux trois quart de la nef, là où Christian l’élu attendait sa future épouse, en la mettant dans sa main, je lui ai dit: « Je te la confie, prends en soin. » Et vraiment je lui ai donné, mais alors sans aucun regret, ma petite fille que nous aimions tant.
Christian, le jour où peut-être tu liras ces lignes, sache bien que de tout cœur, je te la confiais et que jamais je n’ai regretté l’engagement que vous avez pris ce jour-là.
A partir des années 96, je me rends régulièrement à Jalhay au lieu-dit Vervifontaine pour aider Dominique dont le but est de créer une brasserie et de produire plusieurs bières dont la bière du Lion, la Blonde, la Rousse et la Brune du Fagnard. L'idée est engageante, mais les moyens à mettre en œuvre sont colossaux. Il organise des visites de groupes avec ou sans collation, ce qui nécessite alors du personnel.
Par la suite, il devra abandonner son projet, n'étant pas à même de tenir sous contrôle et la brasserie et la maison d'habitation qu'il avait achetée à un certain Mr Defraiteur d'un certain âge.
Elle était en très mauvais état et avons renouvelé trois appartements occupés par des locataires. Avec Dominique nous avons misé énormément. J’y croyais fermement mais l’expérience n'a pas été une réussite.
En 1998, à l’occasion de nos quarante ans de mariage, Daniel aidé par Didier et Myriam ont organisé une soirée cabaret suivie d’un souper au théâtre de Verviers. Daniel, très à l’aise dans ce milieu musical avait mis tout son pouvoir pour que cette réussite soit parfaite. Comme à l’accoutumée dans ses idées toujours créatives, c’était une soirée prévue par la BBL où nous étions invités dans la loge royale.(svp).
Était ainsi invité Raymond Devos, que nous devions d’ailleurs loger cette nuit là. Georges et Katy, étant de la combine, nous conduisent donc au théâtre et nous ne savons pas du tout qu'il s'agit de fêter nos quarante ans.
A la réception, l’ouvreuse de service nous accueille et nous prie de bien vouloir monter.
Arrivés au premier dans le hall, toutes les portes du Foyer s’ouvrent et nous découvrons toute la famille et les invités rassemblés pour nous accueillir. Au fond, comment pouvons-nous être bernés de cette façon. Mais voilà, ce n’est pas la première fois et ne sera peut-être et probablement pas la dernière.
Des tables sont garnies au Foyer du théâtre et le spectacle très enlevé débute et est suivi par plus de 60 convives. Pour suivre cette soirée, un buffet présenté par les Ets Marchant de Fouron, termine cette soirée complètement dingue dans le bon sens du terme.
MERCI les enfants toujours présents pour nous fêter.
Nous avons pour cette occasion, réalisé un week-end à Londres lors du Nouvel An. Nous étions accompagnés de Georges et Cathy Brisbois, ainsi que de Renée. Au moment de minuit, nous étions comme tous les Londoniens à Trafalguar Square. Une foule indescriptible était aussi présente. Une coutume suggère aux Anglais d'émettre un vœu au pied de ce monument.
La cohue est totale et pour ne pas nous perdre au milieu de ce monde dont pas mal déambulent une bouteille de bière en main, nous sommes alors obligés de nous tenir par la main pour sortir de cette place où les policiers à cheval doivent tant bien que mal maîtriser la situation.
Nous sommes en 2008, et cette année marque nos noces d’or ou cinquante ans de mariage. Nos enfants et petits-enfants nous ont aidé pour la préparation et la réussite de cet évènement. La veille, Daniel, encore lui, aidé de Monique de Malmédy et de Mme Maraîte vont donner un ton plus que festif à tout le jardin.
La matinée du jour J se passe sous une pluie fine et la journée s’annonce plutôt mal. On apprendra par la suite que Daniel en pleurait de désespoir. Lui qui s’était investi énormément; sans pour autant bien sûr oublier les autres enfants.
A midi, le ciel se dégage et quelques timides rayons de soleil vont percer les nuages pourtant bien présents. Le temps va cependant se maintenir sans pluie.
Dans notre pelouse, sous diverses tonnelles, commence la réception d’une centaine d’invités. Précédé d’une messe en plein air, un cocktail est offert à tous les frères et sœurs, neveux et nièces ainsi que de nombreux amis. S’ensuit alors la visite traditionnelle de l’autorité communale en la personne de l'échevin Halleux, pour le discours de circonstance et la remise du cadeau traditionnel.
Un buffet froid de charcuteries et fromages typiquement italiens et agrémenté de vins, fait ensuite, je le crois, la joie de tous. Vient ensuite un concert nocturne chanté par Hubert Van Aschen et Anthony Sykopoulos eux mêmes accompagnés au piano par Daniel.
A l’occasion de ce jubilé, nous avons effectué un voyage en Crète dans la commune de Kolimvari, patelin réputé pour son huile d’olive. Au pied de l’hôtel, un bus de ligne nous déposait à Chania, ville principale du coin, située en bordure de mer et dont les plages faisaient penser à Saint-Tropez mais un peu moins luxueuses.
Ce samedi 8 octobre en l'an 2011, nous sommes invités en soirée chez Myriam et Christian. Étonnés, nous apprenons durant la journée que Daniel passera en coup de vent pour reprendre certaines choses. Lors de notre arrivée,nous apercevons Manon et son copain Jonathan Bref,finalement ce sera Didier et Véro ainsi que Daniel qui seront de la partie pour célébrer quoi ? je vous le donne en mille.
Après quelques menus cadeaux pris lors de l'apéritif, Daniel nous invite à visiter le jardin à la recherche d'un objet. Et tout étonnés, nous découvrons devant l'entrée de ce jardin, sous une bâche rouge, devinez quoi.....?. Une voiture "Citroën".
C'est un cadeau inimaginable offert par ces cinq aînés, qui sont tout heureux de voir notre admiration devant l'ampleur de l'évènement. Bien sûr, précédemment, certaines tractations avaient bien eu lieu au sujet du choix de cette C3; mais les conditions que nous avions émises étaient complètement bafouées et nous avions juste le droit de dire: "MERCI". Et ce mot est bien faible pour traduire la grandeur de ce cadeau.
Au nom de Maman et de moi-même, nous voulons vraiment marquer l'évènement et les remercier très chaleureusement. Ce geste restera à jamais gravé dans nos mémoires. On peut le dire à haute voix: ceci est un fait qui est extraordinairement rare.
Nous sommes le deux novembre 2011. Véronique et Didier, nous ont préparé un voyage dont le but est de découvrir la vallée de la Moselle. Nous voilà donc partis et, pour nous intriguer, il prend l'autoroute vers Lambermont pour la prendre après deux kms, dans l'autre sens. Par l'autoroute vers Aix, nous sortons aux Plènesses. Par le zoning, direction Bilstain, Dolhain, Baelen, Membach, Eupen et Montjoie, nous arrivons en Allemagne à l'endroit touristique de "Rursee". C'est notre première halte au bord du lac. Direction ensuite vers la Belgique, St Vith, le Grand-Duché où nous visitons l'église du couvent de Clairvaux. Nous plongeons ensuite vers la vallée de la Rur, faisons un détour vers Reisdorf, lieu de nos vacances antérieures, pour arriver enfin à l'endroit où la Rur se jette dans la Moselle.
Si j'ai décrit ce premier trajet, c'est parce que Didier voulait nous dépayser et ne pas prendre le chemin direct dans une région que nous connaissions plus ou moins.
Par l'Allemagne, le Grand-Duché et la France, nous passons à Chengen et logeons à Manderen à l'hôtel du "Relais du Château" situé au pied du château de Malbrouck. Départ le lendemain vers Trèves pour arriver sur une colline à l'hôtel "Petrisberg". De nos chambres, nous découvrons toute la ville.
Nous visitons ensuite cette ville où pas mal de vestiges romains sont à découvrir. Nous mangeons le soir dans un restaurant de luxe où durant le repas, appelé menu de dégustation, nous dégustons cinq types de vins de Moselle assortis aux plats proposés. Je ne savais pas que certains vins de Moselle étaient si délicieux.
Toujours par la vallée et les vignobles, le lendemain, nous continuons notre périple et faisons halte à Bernkastel où nous visitons le château sur la colline et la ville. Nous nous rendons ensuite à Cochem et visitons aussi la ville où nous prendrons un verre en terrasse. C'est là que maman boira son demi litre de bière au grand dam de Myriam.
Direction ensuite vers l'hôtel "Weibmûhle" au pied de la forêt. Cet hôtel est très beau et ressemble à une construction du type Tyrolien. Sur le parking de l'hôtel nous trouvons une dizaine de voitures belges. La visite du grand château de cette ville est inutile parce que l'exposé est uniquement en allemand. Nous nous contenterons de la visite de la ville avant de faire notre dernière étape vers Coblence.
Visite du "Coin Allemand" lieu où la Moselle rejoint le Rhin et où la statue de l'empereur Guillaume prône majestueusement sur l'esplanade faisant coin entre les deux fleuves; cette statue est en acier et pèse 35 tonnes.
Lors de cette étape c'est en dehors de la ville à quelques kms du centre que nous rejoignons l'hôtel "Zugbrücke" à Grenzau. Il est ultra moderne et fort branché vers le sport. Dans notre chambre, nous disposons en plus du linge traditionnel, d'un peignoir et d'un drap de bain. Plusieurs salles sont à notre disposition: piscine, fitness, sauna, salon de massage et d'autres salles que je ne peux traduire. Nous visitons le lendemain la vieille ville et à quatorze heures, départ et reprise de la route vers notre maison, trajet réalisé en deux heures trente.
Ceci clôture aujourd’hui un texte de mémoire qui pourrait ne jamais s’arrêter, pour autant que j’en aie la possibilité et puisse encore les transcrire. Et pourtant, bien à regret, un jour, mes capacités feront défaut, mais sachez qu’au fond de moi, malgré tout ce que l’avenir me réserve, vous resterez toujours dans mon cœur et mes pensées; vous mes enfants et petits-enfants.
A vous tous, qui comme moi, deviendrez probablement un jour, Daddy, ou bon papa, Maminou ou bonne maman, je vous souhaite de découvrir le même plaisir que j'ai vraiment vécu avec vous tous.
Voici un texte trouvé et qui me plaît énormément :
sans prétention, je pense un peu me reconnaître.
Le grand - père...
Un grand-père est un homme qui n'a plus d'enfant à lui. C'est pour cela qu'il aime les enfants des autres.
Les grands pères n'ont rien à faire. Ils n'ont qu'à être là.
Quand ils nous emmènent en promenade, ils marchent lentement à côté des belles feuilles et des chenilles.
Ils ne disent jamais "avance plus vite, dépêche-toi". En général, ils sont gros, mais pas trop, pour pouvoir attacher nos souliers.
Ils savent qu'on a toujours besoin d'un deuxième morceau de gâteau ou du plus gros.
Un vrai grand-père ne tape jamais un enfant, il se met en colère en riant.
Les grands-pères portent des lunettes et parfois peuvent enlever les dents.
Ils savent être sourds quand il faut, pour ne pas nous gêner; quand nous sommes maladroits.
Quand ils lisent des histoires, ils ne sautent jamais un bout, ils n'ont rien contre si on réclame la même histoire plusieurs fois.
Les grands-pères ne sont pas aussi fragiles qu'ils le disent même s'ils meurent plus souvent que nous.
Tout le monde devrait essayer d'avoir un grand-père, surtout ceux qui n'ont pas de télé.